Wilfrid Kolorunko Okambawa est prêtre jésuite, professeur du Nouveau Testament et d’Herméneutique Biblique. Il a déjà publié de nombreux articles et ouvrages. Il s’intéresse à la quête de la lecture africaine de la Bible aussi bien qu’aux problèmes de philosophie africaine en vue de promouvoir la lux africae qui permettra l’Aufklärung du continent et sa renaissance. Au micro d’Honoré Onana Olah, il évoque avec nous un de ses livres intitulé Le Pardon : Une folie libératrice.
(Quelques extraits) :
La thèse fondamentale du livre est de démontrer que le pardon est d’abord une folie au-delà de l’ordre de la raison. Tout comme le péché est une folie mais une mauvaise folie ; et à la mauvaise folie du péché s’oppose la bonne folie du pardon.
Pourquoi évoquer le pardon comme une « folie qui libère » ?
« Une folie qui libère » parce que c’est une folie qui nous permet de dépasser le péché. Or, l’expérience m’a démontré que beaucoup de personnes qui n’arrivaient pas à pardonner se trouvaient comme enchainés. C’est le cas avec les prisonniers au Cameroun –– où j’ai passé plusieurs années comme aumônier des prisons – où l’expérience avait montré que les prisonniers s’échappaient lors de leurs différentes sorties dans les camions. Alors pour les empêcher de s’enfuir, on mettait un bout de menottes aux mains d’un prisonnier et le second bout de menottes aux mains de son geôlier. L’image m’a souvent fait réfléchir : le gardien représente l’état, la société, et parce qu’ils n’arrivent pas à pardonner le geôlier se retrouve enchainé aussi bien que le criminel. Et c’est le cas dans les relations interpersonnelles où quand on n’arrive pas à pardonner on se retrouve non seulement lié, ligoté, enchainé à son offenseur.
Vous avez été curé de paroisse en Côte d’Ivoire à une période difficile. Est-ce aussi à dire que votre livre reflète ce que vous avez vécu dans ce pays?
Oui ! D’abord il y a la situation politique en ce temps là d’un pays déchiré mais aussi les conflits dont j’ai fait l’expérience même en tant que religieux… Un de mes amis jésuites le père Paul Béré m’a dit “celui-ci – Le Pardon : Une folie libératrice – tu l’as écrit avec ton sang”.
Qu’est-ce que l’Afrique peut gagner en lisant Le Pardon : Une folie libératrice ?
L’accent est mis sur cette dimension de folie où on doit pouvoir dépasser l’aspect raisonnable car le pardon est au-delà de la raison. Car la raison humaine dans ses limites est dans la logique de la loi du talion (œil pour œil ; dent pour dent). Quand on a crevé un œil n’en crève pas un deux mais un. Une des difficultés fondamentales pour le pardon est que les personnes pausent la justice comme inconditionnelle. Or le vrai pardon est inconditionnel. Mais l’être humain est fini et conditionné. Seul Dieu est inconditionné.
Peut-on avoir le pardon sans justice ?
Oui ! Et le pardon est nécessaire parce que la justice humaine n’arrive pas à résoudre le problème. S’il y avait justice on n’aurait plus besoin de pardon… et quand on se rappelle de blessures dont on a été victime et qu’on se dit et pourtant j’ai raison, on empire sa situation. L’une des images fortes dans le livre est celle de l’être humain à qui on a envoyé le couteau dans la chair. Raisonnablement on doit enlever le couteau et le jeter loin de soi. C’est cela le pardon. Mais la personne ou l’être humain qui n’arrive pas à pardonner prend le couteau et le tourne et retourne dans sa plaie. Et cela lui fait davantage mal à cause du souvenir du péché dont il a été victime ; cela lui fait mal et le fait saigner. Ça le blesse davantage.
Le test décisif pour savoir si on a vraiment pardonné c’est quand le souvenir ne nous fait plus mal.
Un mot en guise de conclusion sur Le Pardon : Une folie libératrice.
Le pardon ce n’est pas seulement une libération… Par le pardon il y a une recréation du monde, il y a un renouvellement du monde…Nous limitons trop souvent le pardon à nos relations interpersonnelles humaines. Le pardon a aussi une conséquence immense sur la régénération du cosmos.
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