Le Jésuite prend le temps de se former. Sa vie essaye de se bâtir sur des connaissances solides. Mais si les Jésuites passent pour être des intellectuels, la vérité est simplement qu’ils entendent suivre le cheminement de leur fondateur Ignace de Loyola. En effet à 33 ans, Ignace se remit aux études : grammaire latine à Barcelone, « Arts à Alcala et à Tolède ». Il se rendit à Paris : capitale des lettres et des Arts, et aussi du savoir théologique. Il en sort avec une maîtrise ès art.

C’est dans ce milieu des étudiants qu’il recrute ses premiers compagnons et c’est à Paris qu’il fonde le noyau de la Compagnie.

Aujourd’hui, le jeune Jésuite parcourt pratiquement les mêmes étapes que Saint Ignace et ses premiers compagnons. Les études débouchent nécessairement sur l’indispensable réflexion philosophique qui oblige à remonter aux principes du savoir humain, d’en distinguer les ambiguïtés et d’en critiquer les limites. Tout cela dans le souci du « Magis » (davantage) pour Dieu dans le service du prochain.

Parcours de la formation

L’expérience de Dieu au noviciat

On pourrait dire que l’objectif du noviciat est la vérification de la vocation à la Compagnie grâce au discernement des diverses expériences de formation et de probation propres à cette étape initiale. À travers les diverses expériences et probations, les novices sont formés et mis à l’épreuve, apprennent à connaître et font leurs la manière de procéder et la mission apostolique de la Compagnie ; et ils discernent la volonté de Dieu, dans le contexte d’une étroite relation personnelle avec Lui, et accompagnés par le maître des novices.

En tant qu’étape de formation et de probation, le noviciat vise principalement une expérience profonde de Dieu, pour laquelle les Exercices spirituels constituent l’expérience centrale, qui doit mener les novices à s’identifier avec le Christ, à désirer endurer, avec Lui et par amour pour Lui « tous les outrages, tout blâme et toute pauvreté, aussi bien effective que spirituelle » (Exercices spirituels 98).

On pourrait dire que le noviciat consiste dans la préparation et l’accomplissement des Exercices spirituels et dans la vérification de leurs fruits. Dans ces Exercices, les novices découvrent de façon expérimentale que les jésuites sont des hommes pécheurs et pardonnés, appelés à être compagnons de Jésus. Cette expérience profonde de l’amour du Christ est en même temps une expérience de connaissance personnelle, puisque par ce moyen Dieu leur « révèle » ce qu’ils sont et les aide à connaître leurs aspirations et leurs désirs les plus profonds et les obstacles qui les empêchent d’être intérieurement libres d’opter pour Lui, de « s’approprier les sentiments du Christ envers son Père, » et de « faire des offrandes de plus grande valeur et de plus grande importance » (Exercices spirituels 97).

La relation personnelle et intime avec le Christ, vécue et approfondie dans les Exercices, est le point de départ fondamental ; les autres expériences et la vie ordinaire du noviciat doivent approfondir et consolider cette relation personnelle avec Jésus, au moyen de l’oraison et de l’eucharistie quotidienne, de l’examen de conscience, du discernement personnel partagé, de la lecture spirituelle, de la vie communautaire et du travail apostolique…

Sens et objectif des expériments du noviciat

Le noviciat comme temps de formation et de vérification de la vocation est fondamentalement une étape de probation. Les novices vérifient si en vérité Dieu les appelle à la Compagnie, si leurs aspirations et désirs profonds correspondent à cet appel et s’ils sont vraiment libres pour suivre le Christ comme jésuites.

De son côté, la Compagnie vérifie si ceux qui désirent entrer chez elle, possèdent les dons naturels et ceux de la grâce qui leur permettent de s’approprier la manière de procéder qui lui est propre. Cette vérification s’effectue au moyen des divers expériments ou probations du noviciat, comme le prévoit saint Ignace. Le sens authentique et la finalité de ces expériments est précisément de mettre à l’épreuve et de vérifier l’existence de l’appel du Seigneur, et la maturité et la liberté du novice en vue d’une option définitive pour Lui, dans la Compagnie.

Les Facultés Saint Pierre Canisius (Kinshasa) et Arrupe College (Harare) accueillent habituellement les scolastiques de la Province d’Afrique de l’Ouest pour la philosophie.

L’Eglise demande à tous les clercs une formation philosophique d’au moins deux ans. Et la Compagnie a toujours insisté sur le sérieux avec lequel doit être conçue cette formation.

C’est que la philosophie est l’un des principaux moyens grâce auxquels la Compagnie forme des hommes qui ont réfléchi sur les questions essentielles que l’homme se pose. La philosophie leur donne l’habitude d’une réflexion à la fois critique et positive sur ces questions et sur les réponses qui leur ont été données autrefois ou leur sont données aujourd’hui. Ceci permet aux jeunes jésuites en formation philosophique de mieux comprendre l’histoire des idées et de pouvoir les mettre en rapport avec la culture actuelle.

L’«habitus philosophicus» que ce temps d’étude permet d’acquérir jusqu’à un certain point est plus que jamais nécessaire aujourd’hui. Du fait de la diversité des cultures, des sciences, des idéologies et des mouvements sociaux, les prêtres de la Compagnie doivent être des hommes qui, à la fois fassent preuve d’équilibre eHararet de largeur de vues dans leurs pensées, et qui soient capables de transmettre aux autres, d’une manière qui soit crédible, la pensée et les valeurs qui forment leurs propres convictions.

La régence, comme étape de la formation du jésuite, intervient ordinairement après les études de philosophie. Elle dure habituellement 2 ans.

Dans l’ensemble de la formation jésuite, la régence tient une place particulière. Même si la dimension apostolique de la vie jésuite a été présente dès le noviciat, la régence est la première période pendant laquelle un jésuite en formation est appelé à vivre avec d’autres jésuites en travaillant à plein temps dans une activité apostolique qui fait partie de la mission de la Compagnie.La régence est faite avant tout pour la croissance de ceux qui y sont engagés ; elle vise à ce que ceux-ci puissent progresser en Cefodvertu et en maturité psychologique, à ce que leurs talents se manifestent dans la manière selon laquelle ils prennent leur part des responsabilités apostoliques communes, à ce que l’on puisse déceler toute aptitude qu’ils pourraient avoir pour des études spéciales. On doit aussi reconnaître l’aide qu’ils donnent dans le travail apostolique de la Province, et ils participeront aux responsabilités communes dans le travail comme aux discussions à propos de celui-ci.

Le but spécifique de cette étape de la formation comme processus d’intégration personnelle et d’intégration au corps apostolique de la Compagnie est l’étude intégrale et contextualisée de la foi de l’Eglise et son appropriation personnelle, en préparation du sacerdoce. Par la théologie, le scolastique approfondit le plan divin du salut dans le Christ, dans lequel s’intègre la mission de la Compagnie au service de l’Eglise et il se rend apte à être ministre de la parole et de la réconciliation….

L’intégration de la vie spirituelle, communautaire et apostolique avec la réflexion sur le mystère du Christ et de l’Eglise et avec la connaissance du sacerdoce et de ses exigences doit amener le scolastique à confirmer sa vocation au sacerdoce dans la Compagnie et à ratifier sa décision libre d’être ministre public de l’Eglise, en accord avec notre charisme et notre mission.

L’usage courant dans la Province de l’Afrique de l’Ouest est d’avoir la formation de base en théologie en trois ans dans un théologat de l’Assistance et deux années de licence ailleurs pour développer un esprit vraiment universel, propre à notre vocation.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que datent les études spéciales dans la Compagnie. Le programme prévu par les Constitutions intègre, à côté des études plus directement ordonnées à la formation sacerdotale, d’autres études liées à la réalité culturelle de l’époque (Constitutions, IVème partie, ch. 5, 12, 15). Ce sont ces études qui, peu à peu, se sont diversifiées en fonction des besoins de l’apostolat. En tout cas, dès ses débuts et dans toute son histoire, la Compagnie a voulu former des apôtres non seulement adaptés au ministère pastoral mais aussi capables d’utiliser pour leur apostolat des données de la culture et des connaissances spécifiques de leur époque. Tant d’exemples pourraient être ici rappelés ; certains d’entre eux sont d’une valeur particulièrement convaincante, tels ceux du Père Ricci et des autres compagnons qui surent se faire accueillir à la cour de l’empereur de Chine en raison de leurs connaissances scientifiques.

Les études spéciales sont donc encouragées dans la Compagnie aujourd’hui comme hier, car il y va de la vigueur de son apostolat et de la qualité de son service. Et la préparation que procurent les études ne vaut pas seulement pour quelques ministères mais aussi pour tant d’aspects plus habituels de l’apostolat, qu’il s’agisse du travail catéchétique ou paroissial, de l’aide pastorale ou spirituelle.

Certes, les études spéciales n’ont pas un caractère indispensable et leur rôle ne doit donc pas être majoré ; elles ne sont pas à elles-mêmes leur propre but, et la course aux diplômes n’a pas de valeur reconnue dans la Compagnie. La perspective ignatienne concernant les études spéciales sera donc mesurée dans chaque cas par l’avantage apostolique concret qui peut en découler dans le contexte déterminé d’une province, d’une Région, ou de la Compagnie tout entière. Elle sera donc mesurée concrètement à l’appui que, directement ou indirectement, ces études peuvent offrir au service de la foi et à la promotion de la justice.

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