Dimance 3 avant

Alors que les deux lectures invitent à la joie, l’évangile approfondit le thème de la conversion initié dimanche passé. En fait la conversion profonde, le changement radical de vie est la condition de la joie. Pour le petit reste demeuré à Jérusalem pendant l’exil, la joie se manifestera par la présence du Seigneur. C’est lui qui fera reculer l’ennemi, la menace des peuples puissants qui pesait sur Jérusalem. Il renouvellera son amour pour chacun des habitants de la ville. C’est cette présence du Seigneur qui va transformer Jérusalem, rendre possible la conversion qui évitera de nouvelles épreuves. Le Seigneur est l’acteur de notre propre renouvellement pendant ce temps de carême. Ce n’est seulement un effort de la volonté, mais c’est cette présence du Seigneur dans nos vies qui est capable de nous renouveler en profondeur. Pour St Paul, quelques soit les circonstances, le chrétien doit rester dans la joie. Cette Joie nous le savons est peu évidente quand les circonstances de la vie deviennent difficiles. Il y a des jours où nous ne sommes simplement pas de bonne humeur parce que les échecs ou évènements de notre vie et de notre monde enlèvent tout sentiment de joie en nous. Au lieu de sombrer dans la tristesse et le repli sur soi, Paul recommande de se confier au Seigneur pour lui faire connaître tous nos soucis, notamment le besoin d’argent pour résoudre nos problèmes concrets et ceux de nos proches.

Si ces besoins ne sont pas présentés au Seigneur, la tentation peut être grande de vouloir les résoudre en profitant de notre situation professionnelle pour extorquer de l’argent. C’est l’attitude qu’interdit Jean le Baptiste à ceux qui viennent le voir. Après sa tournée de prédication dans la région du Jourdain, ce sont les fonctionnaires romains en service, les soldats, les publicains qui se précipitent vers lui. A ces fonctionnaires, Jean recommande, en plus du partage, de se contenter de leur salaire et de ne rien prendre en plus. Jean interdit formellement la corruption. En Afrique, la corruption fait partie de la culture. A cause des salaires souvent bas et des conditions précaires de la vie, les gens arrondissent leurs fins de moi par cette pratique vicieuse. Quelqu’un allait jusqu’à dire que la paix dans certains pays est encore possible parce que l’état malgré les programmes de lutte contre la corruption ne prends pas toujours des mesures drastiques pour l’éradiquer. Ceux qui sont souvent traqués, c’est ceux dont l’ambition politique éveille l’attention des dirigeants. Ainsi institutionnellement tolérée, la corruption sert à entretenir les « deuxièmes bureaux », les « soirées bien arrosées » après une journée pas souvent aussi laborieuse de travail, mais elle nourrit aussi la solidarité tant vantée chez nous. La corruption fait partie d’une dynamique qu’un sociologue camerounais a appelé la «mentalité de la mangeoire». Il s’agit de la dynamique de d’accaparement, qui consiste par tous les moyens à se servir et se remplir les poches là où la vie nous place pour le travail. L’invitation de Jean-Baptiste qui ne s’adresse pas seulement aux inspecteurs des impôts et de Douanes, ou aux forces de l’ordre appelés « mange mille » (entendez preneurs de billets de mille Fcfa) lors des opérations de contrôle, mais cette invitation s’adresse à tous. Mêmes les religieux et hommes d’Eglises n’échappent pas à cette tentation de se servir. Les scandales de détournement de fonds et la multiplication de cas de gestion floue et calamiteuse des institutions dans les congrégations religieuses et dans les diocèses sont là pour nous rappeler comme le disait Eboussi que les religieux et prêtres comme membres de l’Eglise font partie de la société et n’échappent pas au mal qui affecte cette société. C’est une conversion structurelle profonde que l’évangile demande. Car si la corruption sert des intérêts très particuliers, elle constitue un manque à gagner grave au niveau du bien commun. Elle freine tout, paralyse tout surtout le développement de nos pays, de nos communautés de nos Eglises. Entendre cet appel à la conversion c’est accueillir la joie de ce temps de l’avent.

 

Conrad-Aurélien, sj.

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