
Le deuxième dimanche de l’Avent est habituellement le dimanche de Jean le Baptiste. L’évangéliste Luc tient à insérer le début de la prédication de Jean le Baptiste comme celle de Jésus dans l’histoire de son temps et dans l’espace. Chacun des détails historiques mentionnés dans ce récit ne vise pas à meubler le décor, mais assume une fonction précise. Alors que l’empereur Tibère règne comme seigneur à Rome, Jean Baptiste va annoncer l’arrivée du vrai Seigneur dans un coin perdu de la Palestine aux abords du fleuve Jourdain. Hérode le tétrarque dont il est question dans le récit, différent de son père Hérode le Grand mettra fin aux jours du Baptiste (3,19-20). La mention de l’empereur romain, comme celle de Ponce Pilate rappelle la domination du colonisateur romain à travers ces magistrats qui représentent le pouvoir romain. Ainsi la parole que Jean Baptiste annonce rappelle la bonne nouvelle qu’Isaïe autrefois, annonça aux juifs vivant en exil sous la domination Babylonienne. Le message d’Isaïe proclamait la venue du Seigneur qui mettrait fin à l’exil, alors que celui de Jean Baptiste annonce la venue du sauveur, qui selon les attentes mettrait fin à la domination romaine.
Comme Isaïe, Jean Baptiste reçoit la parole de Dieu d’une manière qui fait de lui un prophète, un homme attitré pour parler au nom de Dieu. Investit de cette mission, Jean Baptiste, au lieu d’attirer les gens à lui, parcourait la région du Jourdain autour du lac, invitant les gens à recevoir un baptême de conversion. La région du Jourdain était à l’époque repeuplée grâce aux constructions d’Hérode le Grand et d’Archélus. Le geste du baptême, par la plongée dans l’eau signale la purification extérieure, mais marque aussi la purification de tout l’être. Les images déployées dans le message de Jean Baptiste disent la radicalité du changement envisagé et renvoient au paysage montagneux et aux routes tortueuses de la Palestine. L’image du chemin, utilisée à plusieurs reprises dans ce texte renvoie dans l’Ancien Testament au comportement. La conversion requise par le message de Jean Baptiste souligne en effet que, comme Israël autrefois, c’est le péché qui est responsable de la situation de colonisation romaine que vivent les juifs.
Ainsi à travers ces images c’est le thème de la conversion qui est au cœur de la liturgie de ce dimanche. La conversion dont il est question n’est pas simplement un changement de comportement, c’est un changement radical de perspective dans la manière de comprendre l’annonce de la bonne nouvelle ou la mission du chrétien dans le monde. Il s’agit à l’image de Jean-Baptiste de cesser de se considérer comme le centre autour de qui tout tourne mais d’aller dans le monde de la périphérie comme nous le suggère le pape François, rejoindre l’homme concret dans les situations de détresses les plus variées. En effet Jean Baptiste ne resta pas dans le dessert mais alla dans la région du Jourdain à la rencontre des gens. Ses paroles ont certes appelé les gens à la conversion, mais il a certainement aidé à redresser des situations tordues dans la vie de gens, à abaisser des montagnes de problèmes dans la vie tourmentée de personnes en détresse. Dans le monde de la périphérie, autour de nous, les gens ont besoin d’entendre un message qui redresse les sentiers tortueux de leurs vies. L’évangile nous appelle peut-être là où les montagnes de problèmes et de soucis ont besoin d’être abaissés. La meilleur manière de se préparer à l’avent c’est donc d’entrer dans cette dynamique de déplacement, de cesser d’être le centre pour porter un message de consolation qui redresse l’homme.
Conrad-Aurélien, sj
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