
L’évangile de ce dernier dimanche avant Noël, présente la rencontre de deux femmes. Marie et Elisabeth sont deux cousines que tout uni et sépare curieusement. Marie et Elisabeth sont cousines et portent toutes deux des enfants nés miraculeusement. Marie, toute jeune, porte déjà en son sein, Jésus, l’enfant miraculé, le fruit de l’Esprit Saint. Elisabeth elle aussi porte le fruit d’un enfant miraculé, Jean-Baptiste qu’elle a conçu dans sa vieillesse, alors qu’on la disait stérile. La rencontre des deux femmes, sera aussi la rencontre des deux enfants : Jésus et Jean-Baptiste. Pour rencontrer sa cousine, Marie doit affronter deux barrières. La barrière géographique et celle des générations. Marie doit franchir l’obstacle des collines qui caractérisent le paysage de la Palestine. La jeunesse de Marie lui donne la facilité d’arpenter aisément les collines caillouteuses de la montagne de Judée pour aller à la rencontre de sa vielle cousine. Le but de cette visite est d’abord de partager la joie de sa conception et éventuellement lui apporter un secours dans les trois derniers mois de sa grossesse. Oui la grossesse d’Elisabeth est une grande nouvelle qu’il faut partager. Marie doit ensuite vaincre la barrière des générations. Elisabeth est une vielle femme, dont l’âge, qui dit aussi la différence culturelle, tient Marie à une distance respectable. Marie affronte ces obstacles pour rendre la rencontre possible.
La salutation (v.40.41.44.) terme clé dans ce passage est le lieu où se joue cette rencontre. Le narrateur reste silencieux sur le contenu de la salutation mais s’attarde plus sur ses effets. On se demande bien quelles paroles Marie a-t-elle bien pu prononcer à sa cousine. Ces paroles de salutation de Marie ont produit sur Elisabeth des effets spirituels visibles : l’inspiration et la joie. Marie a transmis la présence de l’Esprit saint à sa cousine qui sous son inspiration peut adresser des paroles de bénédictions à envers sa cousine et a créé un effet sur le fruit de son sein. Elisabeth salut d’abord l’humilité de Marie qui en tant que Mère du Seigneur se déplace pour la visiter. A la salutation de Marie, de son sein, l’enfant a exulté d’allégresse. Elisabeth, rencontrant Marie a fait l’expérience de la présence de Dieu à travers l’humilité de la servante du Seigneur, qui vient justement se mettre à son service.
La rencontre est un évènement vivifiant de l’expérience humaine. Il est des moments dans nos vies où nous faisons des rencontres qui réchauffent le cœur, qui donnent l’envie de l’avant, qui génère la joie, l’espérance. De telles rencontres comme celle de Marie et Elisabeth sont le fruit de l’Esprit Saint. Il n’est pas de notre pouvoir de les produire. Toute rencontre vraie, sincère porte la marque du divin, par la joie qu’elle procure. Pour que cette rencontre puisse être possible, il faut vaincre plusieurs obstacles comme Marie. L’obstacle pas seulement géographique comme dans le cas de Marie, mais aussi social, racial, national, ethnique, culturel, générationnel, etc. Toute rencontre suppose une sortie de soi, pour affronter ce monde inconnu de l’autre, cette altérité du visage en face de moi. L’autre se présente souvent comme ce tunnel par où je ne veux pas souvent passer et au bout duquel peut jaillir une lumière qui me permet de continuer la route. Si je fais l’effort de traverser cette montagne, ce tunnel, j’ai la possibilité comme le disait une spirituelle de notre temps, de rencontre l’autre, mais surtout de faire l’expérience de la présence du Tout Autre, Dieu, qui m’ouvre à une expérience similaire à celle de la rencontre entre Marie et Elisabeth.
La fête de Noel que nous allons célébrer dans quelques jours est avant tout la fête de la rencontre. De la rencontre entre Jésus et l’humanité. La rencontre de Jésus avec l’homme pécheur. Jésus va vaincre plusieurs obstacles et distance pour arriver à l’homme. Que la présence de Jésus ravivée par le souvenir de sa venue dans l’humanité, nous pousse à être porteur de joie, d’espérance, à gravir toutes les collines, abaisser toutes les montagnes, franchir toutes les obstacles pour aller à la rencontre de l’autre.
Conrad-Aurélien, sj.
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