
Par le père Emmanuel Foro, SJ
Méditer aujourd’hui devant le tombeau de Jésus, méditer sur la mort, sur les multiples ‘morts quotidiennes’ aussi. Faire silence !
La mort est toujours l’occasion d’un choc. A chaque fois qu’un proche nous quitte nous redécouvrons comme pour la première fois que lui aussi était un mortel. Le fait de l’affirmer (‘tout homme est mortel’) ne nous aide en rien. Le fait d’avoir vu plusieurs proches mourir, n’enlève rien au choc de la mort d’un autre être cher. C’est le mystère de l’échec de la vie. C’est la plus grande menace du non-sens de l’existence. Si tous nos efforts nous mènent seulement à la mort, à quoi bon s’épuiser ? Tout ne serait-il que pure perte ? Même le Fils de Dieu n’est pas épargné : quel est le sens de la foi en Dieu ? Qu’est-ce qui distingue les croyants des non-croyants face à la mort ? Pour détourner l’attention de ces questions plus profondes, nous nous tournons souvent vers la manière et le moment, bref, les circonstances, ou la durée des années du défunt. Les communautés humaines ont inventé des rites multiples pour vaincre la mort : la danse funéraire africaine en est un exemple. L’être humain a besoin d’immortalité, d’éternité, une fois en existence. Jésus, le Christ vient aggraver cette question fondamentale au cœur de l’homme : il passe par la mort. Pas son silence au tombeau, il nous met devant cette réflexion incontournable. Qu’est-ce que la vie si nous devons mourir ? Où es-tu en ce jour Seigneur Jésus ? Je cherche ta voix dans le silence, et je revis, réentends ce que tu avais enseigné lors de ta vie sur terre. Hommage à toi mon Ami Jésus, hommage à toi ! Personne n’a jamais été plus grand que toi sur cette terre ! Tu restes à jamais gravé dans mon cœur. Je ne t’oublierai jamais ! L’écho de ta voix retentit fortement dans mon cœur et me fait verser des larmes d’amour. O Jésus, je t’aime !
Accorde-moi Seigneur de vivre et de compléter tout deuil encore vif dans ma vie : décès d’êtres chers, pertes inacceptables, échecs injustes, maladies incurables ou inexpliquées, le vieillissement implacable, l’incompréhension inexpugnable en famille, le rejet foudroyant du bien-aimé, la trahison de l’ami intime…la guerre dans mon pays bien-aimé…. Je voudrais aujourd’hui vivre tous mes deuils avec toi mon Grand Bien-Aimé, mis au tombeau, réduit au silence. Prends pitié de moi, Dieu très bon : assiste-moi dans mon deuil renouvelé aujourd’hui.
Hébreux 4, 1 -13
Craignons, tant que demeure la promesse d’entrer dans le repos de Dieu, craignons que l’un d’entre vous n’arrive, en quelque sorte, trop tard. Certes, nous avons reçu une Bonne Nouvelle, comme ces gens-là ; cependant, la parole entendue ne leur servit à rien, parce qu’elle ne fut pas accueillie avec foi par ses auditeurs. Mais nous qui sommes venus à la foi, nous entrons dans le repos dont il est dit : Dans ma colère, j’en ai fait le serment : On verra bien s’ils entreront dans mon repos ! Le travail de Dieu, assurément, était accompli depuis la fondation du monde, comme l’Écriture le dit à propos du septième jour : Et Dieu se reposa le septième jour de tout son travail. Et dans le psaume, de nouveau : On verra bien s’ils entreront dans mon repos ! Puisque certains doivent encore y entrer, et que les premiers à avoir reçu une Bonne Nouvelle n’y sont pas entrés à cause de leur refus de croire, il fixe de nouveau un jour, un aujourd’hui, en disant bien longtemps après, dans le psaume de David déjà cité : Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre cœur. Car si Josué leur avait donné le repos, David ne parlerait pas après cela d’un autre jour. Ainsi, un repos sabbatique doit encore advenir pour le peuple de Dieu. Car Celui qui est entré dans son repos s’est reposé lui aussi de son travail, comme Dieu s’est reposé du sien. Empressons-nous donc d’entrer dans ce repos-là, afin que plus personne ne tombe en suivant l’exemple de ceux qui ont refusé de croire. Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. Pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant elle, soumis à son regard ; nous aurons à lui rendre des comptes.
Psaume 4 : Quand je crie, réponds-moi, Dieu, ma justice ! Toi qui me libères dans la détresse, pitié pour moi, écoute ma prière ! Fils des hommes, jusqu’où irez-vous dans l’insulte à ma gloire, l’amour du néant et la course au mensonge ? Sachez que le Seigneur a mis à part son fidèle, le Seigneur entend quand je crie vers lui. Mais vous, tremblez, ne péchez pas ; réfléchissez dans le secret, faites silence. Offrez les offrandes justes et faites confiance au Seigneur. Beaucoup demandent : « Qui nous fera voir le bonheur? » Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage ! Tu mets dans mon cœur plus de joie que toutes leurs vendanges et leurs moissons. Dans la paix moi aussi, je me couche et je dors, car tu me donnes d’habiter, Seigneur, seul, dans la confiance.
Homélie ancienne pour le Grand et Saint Samedi
« Éveille-toi, ô toi qui dors »
Que se passe-t-il ? Aujourd’hui, grand silence sur la terre ; grand silence et ensuite solitude parce que le Roi sommeille. La terre a tremblé et elle s’est apaisée, parce que Dieu s’est endormi dans la chair et il a éveillé ceux qui dorment depuis les origines. Dieu est mort dans la chair et le séjour des morts s’est mis à trembler. ~
C’est le premier homme qu’il va chercher, comme la brebis perdue. Il veut aussi visiter ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort. Oui. C’est vers Adam captif, en même temps que vers Ève, captive elle aussi, que Dieu se dirige, et son Fils avec lui, pour les délivrer de leurs douleurs. ~
Le Seigneur s’est avancé vers eux, muni de la croix, l’arme de sa victoire. Lorsqu’il le vit, Adam, le premier homme, se frappant la poitrine dans sa stupeur, s’écria vers tous les autres : « Mon Seigneur avec nous tous ! » Et le Christ répondit à Adam : « Et avec ton esprit ». Il le prend par la main et le relève en disant : Éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera.
« C’est moi ton Dieu, qui, pour toi, suis devenu ton fils ; c’est moi qui, pour toi et pour tes descendants, te parle maintenant et qui, par ma puissance, ordonne à ceux qui sont dans les chaînes : Sortez. À ceux qui sont dans les ténèbres : Soyez illuminés. À ceux qui sont endormis: Relevez-vous.
« Je te l’ordonne : Éveille-toi, ô toi qui dors, je ne t’ai pas créé pour que tu demeures captif du séjour des morts. Relève-toi d’entre les morts : moi, je suis la vie des morts. Lève-toi, œuvre de mes mains ; lève-toi, mon semblable qui as été créé à mon image. Éveille-toi, sortons d’ici. Car tu es en moi, et moi en toi, nous sommes une seule personne indivisible.
« C’est pour toi que moi, ton Dieu, je suis devenu ton fils ; c’est pour toi que moi, le Maître, j’ai pris ta forme d’esclave ; c’est pour toi que moi, qui domine les cieux, je suis venu sur la terre et au-dessous de la terre ; c’est pour toi, l’homme, que je suis devenu comme un homme abandonné, libre entre les morts ; c’est pour toi, qui es sorti du jardin, que j’ai été livré aux Juifs dans un jardin et que j’ai été crucifié dans un jardin.
« Vois les crachats sur mon visage ; c’est pour toi que je les ai subis afin de te ramener à ton premier souffle de vie. Vois les soufflets sur mes joues : je les ai subis pour rétablir ta forme défigurée afin de la restaurer à mon image. « Vois la flagellation sur mon dos, que j’ai subie pour éloigner le fardeau de tes péchés qui pesait sur ton dos. Vois mes mains solidement clouées au bois, à cause de toi qui as péché en tendant la main vers le bois.
« Je me suis endormi sur la croix, et la lance a pénétré dans mon côté, à cause de toi qui t’es endormi dans le paradis et, de ton côté, tu as donné naissance à Ève. Mon côté a guéri la douleur de ton côté ; mon sommeil va te tirer du sommeil des enfers. Ma lance a arrêté la lance qui se tournait vers toi.
« Lève-toi, partons d’ici. L’ennemi t’a fait sortir de la terre du paradis ; moi je ne t’installerai plus dans le paradis, mais sur un trône céleste. Je t’ai écarté de l’arbre symbolique de la vie ; mais voici que moi, qui suis la vie, je ne fais qu’un avec toi. J’ai posté les chérubins pour qu’ils te gardent comme un serviteur; je fais maintenant que les chérubins t’adorent comme un Dieu. ~ « Le trône des chérubins est préparé, les porteurs sont alertés, le lit nuptial est dressé, les aliments sont apprêtés, les tentes et les demeures éternelles le sont aussi. Les trésors du bonheur sont ouverts et le royaume des cieux est prêt de toute éternité. »
Rester devant le tombeau de Jésus en silence, dire à Dieu toute ma reconnaissance pour le don total de son Fils, mort pour moi….
Père Emmanuel Foro, SJ
Write a comment:
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.