- Quel est selon vous l’intérêt que ce symposium représente pour le futur de la formation des jeunes Jésuites de la PAO ?
Je vous remercie pour la question. Pour moi, un corps a besoin d’une vision commune pour assurer de la cohérence et de l’efficacité de sa mission. Nos textes fondateurs parlent de la constitution d’un Corps pour la Mission. Il est important de constituer un tel corps autour d’une conversation vraie qui touche aux données de nos vies d’ouvriers de la Mission du Christ. Le cadre spécifique de cette rencontre étant les scolastiques étudiants et régents de Yaoundé et Douala, je trouve qu’il est particulièrement bienheureux de voir les scolastiques commencer assez tôt a approfondir la raison de notre être ensemble en vue de solidifier leur intégration progressive dans le Corps de la Compagnie de Jésus et de se donner les moyens de servir la Sainte volonté de Dieu.
- Quelles sont les joies et les difficultés que vous rencontrez dans votre mission de délègue du provincial pour la formation ?
Les joies sont nombreuses. Je pense surtout aux moments où je me suis assis en conversation avec les scolastiques et recueilli leur vision et projection pour la Compagnie. Il y a également ces moments où des scolastiques progressent et démontrent qu’ils entrent de plus en plus dans l’esprit de la Compagnie. Je pense enfin à nos moments d’ordination de nouveaux prêtres jésuites. Mes moments de difficultés se résument en une seule phrase : les scolastiques qui font du surplace. Il y a en effet des compagnons qui accumulent les nombres d’années dans la Compagnie, mais qui ne progressent pas du point de vue de l’intégration dans le Corps en en incorporant l’esprit.
- Il est vrai que le champ apostolique doit/peut varier selon le temps et l’espace. Mais il est également important qu’une province se démarque par sa spécialisation dans un champ apostolique précis, clairement identifie et distinctement formule. Que répondez-vous à cela et quelle est le champ apostolique préférentiel de la PAO ?
Cette question a été débattue lors de notre réunion avec les membres de mon équipe de formation. Nous avons largement souligne le fait que la PAO s’est toujours démarquée par des mission spécifique a travers sa présence dans le SECADEV au Tchad, l’INADES, l’ASMU, nos collèges, Fe y Alegria, etc. Je pense qu’il faut faire attention de ne pas confondre originalité et effet médiatique (n’oublions pas que nos vivons en Postmodernité où originalité rime avec jet de lumières). Pour nous, même en accomplissant bien une mission, par ailleurs largement répandue, si cette mission répond a des exigences de charité et de justice de Dieu, la PAO affirmera son identité dans la mission du Christ. Le diffèrent pour nous jésuite de la PAO doit être la croissance de l’humanité et la connaissance de Dieu a travers des œuvres qui répondent réellement aux exigences de justice et de charité.
- « Ce ne sont pas les études qui définissent la mission ; c’est plutôt la mission qui définit les études » (lettre du Provincial, 1er Juillet 2015, no1). De quelles dispositions pratiques dispose la PAO pour permettre à ses membres de toujours viser le Magis dans leurs missions surtout lorsque celles-ci ne relèvent pas de leur domaine de spécialisation ?
Les études sont un moyen de service et non pas d’aliénation du service de Dieu. On ne doit pas mettre en priorité la spécialisation. Notre seule urgence doit être la charité. Lorsque celle-ci appelle, toutes les qualifications sont soit mobilisées soit mises entre parenthèses. Je m’explique : s’il y a une paroisse dans laquelle des chrétiens sont sans sacrements depuis 2 a 3 ans, on ne doit pas se cabrer sur le fait qu’on est docteur en philosophie et que notre tache est d’enseignement dans les université. On ne devient pas jésuite pour enseigner dans les universités. On devient jésuite pour le service des âmes. A l’appel d’un tel besoin, le doctorat en philosophie doit aider à produire des homélies simples pour le peuple de Dieu. Il doit également aider à apprendre à cultiver son champ de mais pour se nourrir dans un contexte pauvre ou les quêtes ne répondent pas à la subsistance du missionnaire. Par contre dans un autre contexte, le doctorat peut servir à dispenser un bon enseignement et une bonne formation aux étudiants.
- Votre mot de fin Père délégué pour la formation.
Je pense que la PAO a beaucoup de ressource de laquelle nous pouvons tirer un bien à proposer au peuple de Dieu pour la plus grande gloire de Dieu. Nous avons cependant deux grands défis : le défis de la liberté intérieure par rapport aux études et missions/positions. Nous avons également les défis de la transparence dans la gestion des biens. Nous devons donc former les jeunes en tenant compte de ces deux défis, autrement nous allons beaucoup piétiner.
Je vous remercie de m’avoir accordé la parole. Que Dieu vous bénisse ! Qu’Il bénisse la PAO ! Qu’Il bénisse la Compagnie universelle en ce temps ou nous nous préparons a la 36c Congrégation Générale.
PIGNAN LANHEZIDOU SJ.
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