
Deux rencontres internationales ont eu lieu du 18 au 21 novembre 2015 à Rome, au Vatican, et du 12 au 13 janvier 2016 à Paris, au siège de l’UNESCO. Elles ont traité respectivement de l’éducation et de la mise en œuvre de la convention d’Addis-Abéba sur l’Enseignement Supérieur dans la région Afrique. Le présent rapport en précise l’objet et les enjeux.
La première rencontre internationale eut lieu à Rome. C’était un Congrès mondial sur l’éducation catholique (à Rome du 18 au 21 novembre 2015) organisé par la Congrégation de l’Éducation Catholique. Elle a vu la participation de 2500 personnes venues des quatre coins du monde. Y avaient pris part trois compagnons Africains : les Pères Kizito Kiyimba, S.J.(doyen du Philosophat de Hararé), Paul Béré, S.J. (Consulteur du Conseil Pontifical pour la Culture CPC ; Hekima College et ITCJ) et François Pazisnewende Kaboré, S.J. (Directeur de l’Institut de la Dignité et des Droits Humains IDDH-CERAP).
La seconde rencontre, celle de Paris, avait pour objet de réfléchir à la mise en œuvre de la convention d’Addis-Abéba, signée en décembre 2014 par un certain nombre de pays Africains à Addis-Abéba. La convention, soutenue par l’Union Africaine et par l’UNESCO, concerne tous les pays membres de l’Union Africaine. Elle est une révision de la convention d’Arusha signée le 5 décembre 1981 sur “La reconnaissance des études et des certificats, diplômes, grades et autres titres de l’enseignement supérieur dans les États d’Afrique”. Cette nouvelle convention s’est fixé plusieurs buts dont celui de “renforcer et de promouvoir la coopération interrégionale et internationale dans le domaine de la reconnaissance des titres” (art.II.1). Elle est ouverte à signature et ratification, acceptation, approbation ou adhésion des États africains et du Saint Siège. Elle rentre en vigueur un mois après la date à laquelle dix des entités signataires (États africains et Saint Siège) auront exprimé leur consentement à être liées par la Convention. Elle entrera en vigueur pour toute autre partie après que celle-ci aura exprimé son consentement à êtreliée par la Convention.
Concrètement, depuis la rencontre initiale d’Addis-Abéba, environs 14 pays ont signé la convention. Cependant, aucun pays ne l’a encore ratifié, d’où l’objet et la pertinence de la rencontre de Paris qui consiste, entre autres choses, à travailler à la mise en œuvre de la convention dont les enjeux sont exprimés à plusieurs endroits du texte convenu notamment dans son préambule.
Les enjeux de la convention portent sur la mobilité ainsi que sur la reconnaissance des études et des certificats, diplômes, grades et autres titres pour élargir l’accès à l’enseignement supérieur et la promotion du développement social et économique de l’Afrique. Ainsi, les parties signataires sont résolues à organiser et à renforcer la reconnaissance des études et des certificats, diplômes, grades et autres titres de l’enseignement supérieur, ainsi que la gestion de la qualité, par des organismes nationaux, bilatéraux, régionaux et continentaux qui existent déjà où qui seront crées à cette fin. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que la répartition des ressources en matière d’éducation supérieure est très inégale dans un même pays, dans la même région et encore davantage, entre pays, au niveau continental. L’enjeu de cette rencontre est donc de favoriser un plus grand accès à une éducation supérieure de qualité pour tous les Africains. La rencontre a vu la participation d’une trentaine de personnes qui sont les « points focaux » par des pays africains, membre de l’Union Africaine, et deux personnes représentant le Siège. Comment expliquer que le Saint Siège soit partie à une telle convention ?
Étant donné le nombre de structures d’éducation supérieure dont dispose l’Église catholique, sur l’échiquier mondial en général et en Afrique en particulier, il convient que le Saint Siège soit présent pour porter le message du droit à l’éducation et de l’éducation comme lieu et moyen de promotion de la dignité de la personne humaine. Pour le Saint Siège, la délégation officielle à la rencontre d’Addis-Abéba était constituée du Père Friedrich Bechina, sous-secrétaire de la Congrégation de l’Éducation Catholique, et du Père Paul Béré, S.J., consulteur du Conseil Pontifical pour la Culture. Empêchés par leurs occupations, ils ont été représentés par Ms Mélanie Rosenbaum (précédemment au service diplomatique) et par le Père François Pazisnewende Kaboré, S.J., coordonnateur de la commission pour l’éducation supérieure de la Province d’Afrique de l’Ouest.
Trois conclusion découlent de la conférence de Paris sous l’égide de l’UNESCO:
(i) tous les points focaux sont invités à redoubler d’effort pour la signature et la ratification de la convention. Une approche régionale sera de mise dans le travail de collaboration.
(ii) Les points focaux travailleront par thèmes (signature, mise en application et renforcement des capacités).
(iii) Les bureau régionaux de l’UNESCO apporteront une aide au niveau de la coordination des activités des différents points focaux.
Les ambitions de cette convention sont claires mais elles font déjà l’objet des préoccupations du CAMES, de l’Afriquan (African Quality Assurance Network) et de la Congrégation de l’Éducation Catholique (voir Quality Culture 2012). Comment donc trouver l’équilibre et assurer une synergie entre les autorités nationales, sous régionales avec l’UNESCO et l’Union Africaine ? Comment ensuite s’assurer que la comparabilité et équivalence des pays ne va pas conduire à une saignée des étudiants de certains pays au bénéfice d’autres pays ? Autant d’interrogations qui font de cette convention un pari à relever. La première mouture du travail des points focaux devrait être prête en juin 2016. Ce premier jet devrait sans doute aider à déblayer le terrain en vue d’une ratification et d’une implémentation judicieuse de la convention.
François P. Kaboré, SJ
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