Il y a une chose dans la vie à laquelle nous n’aimons pas trop penser : c’est notre mort ! Nous savons bien que nous ne serons pas toujours là, que viendra un jour où nous ne serons plus sur la terre, mais en dessous de la terre… Nous le savons… mais nous préférons ne pas y penser.
Le temps du carême est une occasion favorable pour faire la vérité : nous rappeler qu’un jour nous paraîtrons devant notre Dieu. Alors ce sont les vraies valeurs de l’existence qui compteront. Ce jugement dernier sera pour beaucoup une surprise.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu, chapitre 25, versets 31 à 46
Voilà donc, à la fin du monde – pour chacun de nous c’est le jour de notre mort – où nous paraîtrons tous devant le Fils de l’Homme. Comme le berger ramenant le soir son troupeau à la bergerie, et qui met d’un côté les brebis dans leur enclos, et de l’autre côté les chèvres plus agitées dans un enclos à part, il séparera les hommes : à sa droite, il appelle les justes à venir à lui pour entrer dans le royaume du Père ; à sa gauche, il renvoie au feu éternel les réprouvés, ceux qui n’ont pas su le reconnaître.
Il est frappant de voir que le Roi de gloire ne dit pas un mot de la religion, de la piété : il ne dit pas aux bénis de sa droite « Vous avez été fidèles dans la prière, vous avez offert beaucoup de sacrifices », et il ne reproche pas non plus à ceux de sa gauche, qui sont rejetés loin de lui « Vous n’avez pas bien fait vos prières, vous n’avez pas offert de sacrifices ». Non. Rien de tout cela. Mais plutôt, à ceux de droite :
« J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, en prison, et vous êtes venu me rendre visite – Mais quand, cela Seigneur ? – Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ».
Et à ceux de gauche : « J’avais faim, et tu ne m’as donné à manger, j’avais soif et vous ne m’avez pas donné à boire… _ Mais quand cela, Seigneur ? – Chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, à moi non plus vous ne l’avez pas fait ».
Le Roi de gloire, c’était donc lui, le pauvre, le malheureux, le démuni, que j’ai rencontré, et que j’ai secouru… ou que je n’ai pas voulu aider. « Nous serons jugés sur l’amour », comme le dit saint Jean de la Croix.
Vous connaissez bien l’histoire de saint Martin, en Gaule au 4e siècle : alors qu’il n’était encore que catéchumène, soldat romain avec sa grande cape rouge, sur son cheval, il rencontre un jour d’hiver où il faisait très froid, un pauvre couché et sans habit, grelottant de froid. Martin prend son grand manteau rouge, d’un coup d’épée le partage en deux, et en donne une moitié au pauvre pour qu’il puisse se couvrir. La nuit qui suit, Martin voit en rêve le Christ lui apparaître : il porte sur lui la moitié du manteau rouge et dit : « Martin, encore catéchumène, m’a habillé ». Voilà, c’est l’Evangile vécu.
Et si ce temps du carême, je le recevais comme une chance offerte pour moi de servir Jésus dans les pauvres ? Bien d’autres avant moi l’ont fait, tous les saints et toutes les saintes. Bien d’autres autour de moi, dans ce monde, travaillent pour construire un monde plus juste, viennent au secours des plus démunis pour les aider à se sortir de leur misère. Pourquoi pas moi ? Puis-je voir autour de moi des hommes, des femmes, des enfants, souffrir de la faim, loger dans des abris de misère, être malades, sans rien faire pour eux ? Ne serait-ce pas maintenant le moment de décider ce que je peux faire pendant ce carême, en donnant une part de mon argent, de mon temps, de ma nourriture pour secourir les pauvres ? Même si j’ai peu de choses, comment vais-je me montrer solidaire de celui qui n’a rien ? Donner un peu de ma nourriture, ou de l’argent économisé en renonçant à des choses superflues, pour les aider ? Ou rejoindre d’autres qui travaillent dans une association pour améliorer les conditions des plus démunis, des réfugiés ? Ou donner un peu de mon temps, de mes forces pour améliorer la vie dans ma cour, dans mon quartier, dans mon école ou mon université, dans mon service, dans mon pays ?
Seigneur Jésus, tu es présent au milieu de nous en la personne des pauvres.
Apprends-nous en, ce temps de carême,
à être moins indifférents envers ceux et celles qui souffrent autour de nous ;
donne-nous la force et le courage de te secourir dans tes frères les pauvres. Amen !
P. Jacques Fédry, sj
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