LA MISSION

La mission jésuite de Tambacounda débute en 1983, après celle de Ziguinchor, interrompue. Depuis lors, des compagnons se sont relayés pour son animation pastorale, humaine et spirituelle. On peut dénombrer 4 jésuites Canadiens, 2 jésuites Français et pas moins de 10 prêtres jésuites Africains et presqu’autant de jeunes régents. Presque tous en ont gardé un souvenir impérissable que ni le temps ni l’éloignement n’ont pu effacer. Aujourd’hui, nous sommes deux à porter la lourde responsabilité de garder la flamme allumée : moi-même, Boniface TONYE, et Honoré ONANA qui, en plus de son implication pastorale, intervient dans le collège catholique pour des cours d’Anglais et l’aumônerie scolaire. La tâche n’est pas facile, mais, comme nos prédécesseurs, nous savons que nous ne sommes pas seuls dans la vigne. Le naturel et la simplicité des gens nous soutiennent énormément. La cohabitation pacifique avec nos frères musulmans nous rassure. L’intérêt des jeunes générations pour la pratique religieuse nous nourrit d’espoir. Nos ressources restent insuffisantes : des quêtes dominicales dont la moyenne est de 7000 F, les aides sporadiques de la mairie, quelquefois, des soutiens financiers de communautés ou de personnes généreuses. Notre sensibilisation sur le denier du culte, bien que soutenue, ne porte pas encore les fruits escomptés. Les difficultés majeures que nous rencontrons sont : le manque d’engagement, l’implication intéressée, le niveau d’instruction très bas pour la majorité des fidèles, une très forte prégnance culturelle. Tout ceci rend notre service irrégulier et presque sans consistance. Par ailleurs, la pauvreté expose encore aux malversations financières et éloigne de l’esprit de la gratuité et de la générosité. Parmi les espoirs qui pointent, nous voyons des personnes qui commencent à se démarquer de l’esprit d’assistanat et de la peur d’être différent. De plus en plus aussi, des personnes âgées demandent à recevoir les sacrements. Le nombre de catéchumènes jeunes et enfants augmente d’année en année…


LIGNE D’ACTION

Notre activité pastorale est orientée vers une meilleure connaissance des cultures locales afin de mieux valoriser les richesses du terroir. Par la catéchèse, nous encourageons a un témoignage ouvert et dénigrons le témoignage ferme qui se contente de la piète, de la dévotion et d’une fréquentation privée des sacrements. Pour aider a tenir ensemble la parole de dieu et la réalité de la vie, nous encourageons les familles au dialogue parentsenfants et les fidèles chrétiens a se fréquenter fraternellement, dans un esprit de gratuite et de simplicité. Nous insistons sur la complémentarité pour lutter contre le mépris, les cloisonnements et les mésestimes. Nous voulons faire de nos fidèles des acteurs et non des consommateurs.


LES MOYENS DE LA MISSION

Nous cherchons à responsabiliser notre communauté paroissiale en lui indiquant ses atouts (patrimoine foncier, ressources humaines, mécanismes de solidarité, etc.), en l’encourageant à la transparence et à la compétence, et en l’orientant vers la promotion des activités rentables, génératrices de revenus. Ainsi, un espace du terrain paroissial (situé à l’entrée d’un grand marché) est mis en location aux petits commerçants en attendant une meilleure exploitation du site. Les autres moyens seront l’élevage et le maraîchage pratiqués de façon professionnelle avec un personnel compétent prestataire de services, et un suivi technique que peut assurer les agents de la Caritas ici. Un bon lancement de ces deux activités nécessiterait un budget de 5.000 000 F environ.


ÉTAT DE LA SITUATION DU CENTRE SOCIOCULTUREL SAINT PIERRE

Le centre saint pierre claver est une œuvre confiée. Il offre comme services : une bibliothèque, du soutien scolaire, des activités socioculturelles, des formations pratiques diverses (théâtre, musique, danse artistique, maraichage, arts plastiques, sport, etc.), une cafeteria. La plupart des activités ne fonctionnent pas pour des raisons précises : manque de personnel pour l’appui et le suivi ; manque de moyens pour motiver des collaborateurs ; manque d’intérêt des élevés pour la lecture…

La salle de sport est la seule source de revenus pour le moment. Elle a bien
fonctionné les deux premiers mois après le renouvellement du matériel. Elle a été considérablement ralentie par la pandémie (plusieurs fois fermée) et par l’irrégularité des moniteurs. Depuis deux ans, une nouvelle équipe est en place et le rythme semble se stabiliser.

La cafétéria est un vieux projet que nous avons trouvé en arrivant à Tamba. Nous l’avons lancé en fin 2018 et il a bien fonctionné au début. Mais, très vite, il a souffert des effets de la pandémie et des difficultés à trouver un bon gérant. Depuis un an, il est arrêté, d’abord pour cause de restriction sanitaire, mais aussi pour attendre l’obtention de la licence qui autorise son fonctionnement légal. Les objectifs du centre ont évolué dans le sens du rapprochement des jeunes et de la cohabitation religieuse pacifique.

Malheureusement, depuis le départ de ses initiateurs et le licenciement de son personnel qui a suivi, le volume de ses activités a considérablement diminué. Depuis près de 8 ans, cependant, de nouvelles options sont prises et se maintiennent progressivement : le sport pour la santé et le maintien, un bar-restaurant pour la détente et la rencontre, le programme académique qui apporte l’enseignement supérieur dans les marges sociales (Jesuit Worldwide Learning). Avec ce programme, nous prévoyons donner des formations professionnelles et académiques.

Malgré cette situation de ralentissement, nous sommes confiants dans l’avenir de notre mission à Tambacounda : elle dispose de tous les atouts (attentes énormes en matière d’éducation, installation d’un port sec et réhabilitation du transport ferroviaire des marchandises, beaucoup de demandes en matière d’animation socioculturelle, installation progressive de structures universitaires, amorce de la deuxième évangélisation pour ce jeune diocèse…).

Etant donné la promesse d’une augmentation de notre équipe, étant donné les qualités de certains membres de la communauté paroissiale, des merveilles peuvent encore être réalisées avec ce Dieu qui nous précède toujours là où il nous veut.

Par Boniface TONYE, SJ

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