Fey alegria ou Foi et Joie a pour mission de « donner à ceux qui ont le moins d’opportunités l’occasion de réaliser leurs rêves » a affirmé le  père Saturnin Tsayem Dongmo, SJ., directeur du bureau exécutif de l’association Foi et Joie-Tchad. Et dans le but de promouvoir la scolarisation des jeunes filles dans le pays, Foi et Joie-Tchad a organisé récemment des « Weekend-Filles ».

En effet, si la situation des filles scolarisées en milieu urbain semble plus ou moins acceptable eu égard au nombre croissant de leur nombre dans les écoles, collèges, lycées et universités, en milieu rural par contre, la situation est peu reluisante. D’ailleurs les statistiques relatives au taux d’achèvement du primaire des filles au Tchad sont assez parlantes à propos : 30 % selon le rapport du partenariat mondial pour l’éducation pour l’année 2013. Et les statistiques concernant l’année 2018 dans la région du Guéra restent inquiétantes.

La mission de Foi et Joie commençant là où s’achève l’asphalte

La mission de Foi et Joie commençant là où s’achève l’asphalte, c’est-à-dire là où toutes les conditions ne sont pas réunies pour qu’advienne l’éducation inclusive, il était de bon ton que Foi et Joie-Tchad mettent en place des stratégies pour palier à cet état de choses. L’activité dénommée « Week-end Filles » est l’une de ces stratégies mises en place par Foi et Joie. En quoi consiste donc cette activité ? Comme le nom l’indique, c’est une activité organisée pendant les week-ends, les samedis de préférence, dans les écoles Foi et Joie. A cette occasion, L’association Foi et Joie invite les élèves filles des villages environnants, les autorités traditionnelles (chefs de cantons, chefs de villages, etc.), les autorités éducatives (délégué provincial à l’éducation, l’inspecteur départemental, les inspections rurales, les enseignants, etc.), les représentants des organismes internationaux comme le PAM, l’Unicef,  de même que les autorités religieuses. Lors de ses grands rassemblements, Foi et Joie mise sur la sensibilisation, en donnant la parole aux différents acteurs.

Pour le compte de cette année, nous avons déjà réalisé 03 « Week-ends Filles » à Golonti (le samedi 02 février 2019), à Baïwangué (le samedi 23 février 2019) et à Djogolo (le samedi 09 mars 2019). Que retenir de ces différentes rencontres de sensibilisations. Dans le cadre de ces sensibilisations foraines, Foi et Joie a mis l’accent sur le maintien des filles à l’école de même que les initiatives à prendre pour assurer leur insertion dans le monde du travail. C’est ce qui explique en partie la réflexion entamée par Foi et Joie concernant la création d’une branche professionnelle et technique dans un de ses collèges. De la part des autorités locales, il ressort clairement que les statistiques relatives à la scolarisation et le maintien des filles à l’école laissent à désirer.

Seules 4538 sur 7283 filles ont pu achever l’année scolaire en 2018

Qu’il nous suffise de faire cas des propos de l’inspecteur départemental : « selon le bilan de l’année scolaire 2017-2018 dans la province du Guéra, le taux d’abandon des filles se présente comme suit : au Primaire, sur 7283 filles inscrites au début de la rentrée scolaire 2017-2018, seulement 4538 filles ont pu achever l’année scolaire (soit 2745 abandons) ; au collège, sur 922 filles inscrites au cours de la même année, 839 filles ont achevé leur année scolaire (soit 83 abandons) ; au lycée, sur  509 filles inscrites, 429 filles ont pu achever l’année scolaire (soit 80 abandons). ». C’est dans cette optique que Foi et Joie n’a pas manqué d’évoquer les pesanteurs socioculturelles qui influent sur la scolarisation et le taux d’achèvement du cycle primaire des filles dans la région du Guéra. Au nombre de celles-ci on compte l’idée selon laquelle le mariage constitue la meilleure garantie d’une fille en plus d’honorer la famille.

Du coup, certaines filles s’entendent dire, et ce dès le bas âge, qu’il ne faut pas forcer si les études ne marchent pas, car un bon mari saura s’occuper d’elle ;  tout ce qu’on exige d’elle c’est de savoir faire le ménage et de s’occuper des enfants. Aussi, entend-on dire qu’il n’est pas nécessaire qu’une fille aille loin dans ses études, savoir lire et écrire son nom lui suffisent. Contre toutes ces allégations, Foi et Joie sollicite, lors des sensibilisations, l’aide d’une personne ressource du milieu (une femme de préférence) pour donner un témoignage. De plus, Foi et joie ne manque pas de donner la parole aux jeunes filles scolarisées pour qu’elles s’expriment. C’est en ce sens qu’elles n’ont pas manqué de faire part des causes relatives à l’abandon scolaire ainsi que ses conséquences. Entre autres causes nous avons le mariage précoce ou forcé, les grossesses non désirées, l’éloignement des écoles, le manque de soutien de la part des parents, les travaux ménagers, les grèves répétées, le manque d’encadrement adapté aux filles, etc. C’est dire donc que les défis qu’il faudra relever sont énormes. Voilà pourquoi Foi et Joie voudrait compter sur l’engagement de tous.

Hermann Badjaï, SJ

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