
L’expression « composition de lieu » est chère à saint Ignace de Loyola. Dans les Exercices spirituels, c’est autour de cette « composition de lieu » que se déploie le dispositif créatif d’images, dans le but de remettre en ordre et d’encadrer les passions de l’âme, afin de pouvoir atteindre le salut par la connaissance de Dieu.
La 36e Congrégation générale fait l’expérience de cette dynamique. Nos échanges ne répondent pas à une idéologie. Nous ne discernons pas avec des idées, nous prions et réfléchissons avec des réalités de nos peuples. Nous nous mettons en présence de Dieu, nous lui présentons les vraies réalités auxquelles nous faisons face dans sa Vigne. Ce sont des réalités qui passent souvent sous silence.
Ces jours-ci, nous avons écouté et entendu le cri des Nôtres qui travaillent dans des zones de conflit et dans des situations de guerre. Nous voyons que le mal veut dominer le monde et il le fait de bien des manières, cruelles, à travers diverses formes de violence, mais il se manifeste aussi sous les traits du bien, détruisant ainsi les fondements moraux de la société. Les effets destructeurs de toute cette violence sont là : les déplacements forcés, les réfugiés, les émigrations douloureuses, le trafic des personnes, la drogue, la guerre…
En Afrique, les actes de violence liés au fondamentalisme ou fanatisme religieux se multiplient, entraînant ainsi la peur, la méfiance et la perte de vies humaines. Les compagnons qui travaillent dans ces zones prennent des risques. Beaucoup y ont donné de leur vie, comme les pères Patrick Gahizi, Chrysologue Mahame, Innocent Rutagambwa, Frans van der Lugt, Christophe Munzihirwa, les jésuites de Salvador et leurs collaborateurs, etc.
Voilà le résultat de la composition de lieu. Et je suis personnellement touché par cette attention bienveillante de la Congrégation à chaque compagnon, spécialement à ceux qui vivent dans les zones de conflit. Et cette attention se veut concrète à travers le cri du cœur de la Congrégation pour soutenir les Nôtres qui travaillent dans les situations à hauts risques.
C’est donc toute la Compagnie de Jésus qui a « les pieds dans la boue et les mains dans la chair » comme dit le pape François. A travers nos collèges, nos centres spirituels et sociaux, nous sommes convaincus que, sans une vraie descente aux périphéries, les bonnes propositions dont nous entendons souvent parler dans les grandes conférences internationales restent dans le domaine de la “doxa”.
Hyacinthe LOUA, SJ
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