BIOGRAPHIE FALA VALERY NGONG EKEM, S.J. (1990 -2024)
Fala Valery Ngong Ekem est né le 28 avril 1990 à Buéa au Cameroun. Il entre au noviciat Saint Ignace de Bafoussam au Cameroun le 10 septembre 2016. Après deux ans d’expérience humaine et spirituelle, sûr que Dieu l’appelle à le servir sous l’étendard du Christ dans la Compagnie, il demande à être reçu aux premiers vœux. Admis, il prononce ses vœux perpétuels et simples de Scolastique approuvé dans la Compagnie de Jésus le 10 septembre 2018. Puis il est envoyé àpour les études de Philosophie de 2018 à 2020. Par la suite, il est envoyé à Rome en Italie où il fait la régence au Secrétariat de Justice sociale et Ecologie sous la supervision du père Xavier Xavier Jeyaraj SJ de 2020-2022. Durant cette étape de sa formation, la qualité de son travail, mais surtout le grand intérêt qu’il se découvre pour la question écologique en ce temps de crise écologique mondiale fait qu’il soit envoyé aux études en vue de l’obtention d’ un MBA en Environmental Management à l’Université de San Francisco aux Etats-Unis. En février dernier alors qu’il menait paisiblement sa vie de mission à San Francisco, des symptômes d’une toux visiblement passagère de santé sont apparus. La toux devenant persistante, il s’est fait de nouveau consulté et des examens supplémentaires ont été demandés par son médecin traitant. C’est alors que la chose qui paraissait banale s’est plutôt révélée un problème grave de santé. Le scanner a montré des masses cancéreuses dans les poumons et le foie. Il s’agissait donc d’un silencieux cancer de poumon qui avait déjà évolué jusqu’à atteindre le foie. Très vite, toute la machine médicale s’est précipitée pour sauver ce qui pouvait l’être.
Mais hélas ! Le pronostic vital de Valery était déjà critique. Le 24 avril 2024, Valery a eu sa première dose de chimiothérapie. Malheureusement, il n’a pas tenu. Il s’en est allé le 26 avril 2024. Face à un tel drame qui nous impose le silence, nous ne pouvons que nous réfugier dans le silence où seul, le Seigneur, dans sa sagesse, peut nous consoler. Oui ! Arriver au but en peu de temps, Valery a parcouru tous les âges de la vie (Sagesse 4,13). En effet, il n’a pas eu une longue vie. Il devrait avoir 34 ans révolus le 28 avril 2024, soit deux jours après son décès. Est-il parti plus tôt ? Les Ecritures nous disent que « même s’il meurt avant l’âge, le juste trouve le repos » (Sagesse 4, 7) ; ou encore, « la vieillesse ne se mesure pas au nombre des années » (Sagesse 4, 8).
Puissions-nous le confesser, la mort nous impose de réaliser que notre frère Valery, en si peu de temps, a accompli sa mission ici-bas. En si peu de temps, il a su aimer et servir le Seigneur son Dieu en toutes choses. En si peu de temps, il a été serviteur de la mission du Christ. En si peu de temps, il a touché par sa vie les cœurs et l’humanité en autrui. L’appel du pape François à prendre soin de la maison commune a résonné fort dans sa vie de jésuite. D’où la quête de solution durable à la crise écologique s’est révélée être la voie par laquelle il voulait servir le Seigneur dans la Compagnie. Très apprécié par ceux qui le rencontrent, il est d’une grande facilité relationnelle malgré sa timidité apparente. Il était aussi d’une grande générosité et d’une disponibilité incontestable pour le service.
Par Guy SAVI, S.J.
TEMOIGNAGES FALA VALERY NGONG EKEM, S.J. (1990 -2024)
I want to thank God for the time we had together, the love and joy you brought to the family. You will discipline and still play with the children. I do not know what to tell them. How do I explain why you haven’t called them now that they are on holidays? Sweetheart, no one has called me this in a while. From the beginning you were so attached to me, you took your precious time to be born unlike the others, you needed the extra few weeks. The doctors had to force you out and when you were born you could not bear to be away from me for even a minute, instead of your cot you preferred to share my bed. From childhood you loved God and were bold on your stance, you were never afraid to speak your mind neither to your father, to me nor anyone I can recall. You were caring, at young age, you took upon the care of your siblings; preparing food for them and mothering them when I was away for work. I recall when you wanted to follow the religious life, you had all your documents ready, your brother cried while giving you away, all I had to tell you was to follow your heart and become a priest after the heart of Jesus and Mary. At a point I got worried when you kept going to school and asked when your journey to become a priest will reach its conclusion, but you told me it was not being a priest that will make you an evangelist but living “the life”. You were full of love and always passionate about GOD and People. I know you lived “the life”. I have people all over the world reminding me you lived; I am happy and proud you did.
Valery’s Mother
Dear Brother, I want to let you know you taught me many things: Family. You spared no effort and resources to spend time with family. You spoke good of us always! You did not hold back rebuke because you wanted us to be better. I will always cherish the love you had for Mama and how you were there for her! I know how you looked out for me, how you never stopped being in my life in the moments that matter. Generosity. It was a natural trait of yours. You come from a poor home, you had little but yet you never held back extending out a helping hand. You gave with a smile! Humility. You were the quiet giant in the room. As if you always knew there is strength in compromise, you were always willing to give others the first spot. Perseverance. You stayed the course of your call. Though you never became a priest, you never strayed from your purpose. I will remember that too. Love. You so loved us you kept your pain from us; not wanting to see us disturbed. You so loved me you gave the Chance to be there twice: at your birth (I am told) and at your death. Life. You had it more than I did. You shared jokes, you had drinks, you went places, you brought laughter, you danced. Yes, you lived! The testimonies and the memories abound. But the house is so quiet now and I can’t fill that void. Thank God I have that SMILE and hope I can spread it like you did. There is so much to say and yet my mind is fogged with thoughts. Though I mourn, I am grateful to God for your life and the opportunity to be your brother. You have made us PROUD by your life. Just as I gave you when God first called now I return you to your Master again. May the Lord show you mercy. I rest Knowing I have a brother interceding for me. Peace brother, Peace!!
FALA Bede
Le 24 avril 2024, je discutais avec Valéry pour la dernière fois. Je savais qu’il était souffrant depuis un certain temps, et que les médecins lui avaient diagnostiqué une pneumonie puis une arthrose. Nous conversions très souvent en ‘’pidgin’’ Valéry et moi, et ne nous appelions jamais par nos noms. Nous nous appelions affectueusement ‘’Pa’a’ ce qui signifie le ‘’père’’. Ce jour fatidique, je venais donc aux nouvelles puisqu’il avait fait un scanner quelques jours plus tôt. A la question de savoir comment il allait, il me répondit que c’était grave mais que Dieu était au contrôle. Exprimant mon inquiétude, il m’annonça que cette pneumonie s’était avérée être un cancer du poumon qui s’était répandu au niveau de son foie. Les médecins effectuaient des examens supplémentaires pour s’assurer qu’il n’y aurait pas de complications pendant la chimio qu’il devrait commencer le lendemain du jour de notre conversation. Ce fut une nouvelle bouleversante qui me tombait dessus à 3 heures du matin. Nous avions alors engagé, par appel vidéo, une conversation qui avait duré cinq minutes. Les trente premières secondes furent pour moi très longues car nous nous regardions sans mot dire. La gravité de la situation nous imposait un temps de silence… pour briser la glace, je lui ai demandé s’il avait un garde malade, et à lui de répondre que son grand frère était avec lui, mais qu’il était allé en communauté probablement pour se débarbouiller. La deuxième question était celle de savoir comment allait sa mère, maman Mariana. Il m’a fait comprendre qu’il évitait de décrocher ses appels, mais qu’elle se doutait de quelque chose. Le silence du début de la conversation s’installa à nouveau. Cette fois, c’est lui qui le brisa en me rassurant que tout allait bien se passer, que les médecins faisaient leur possible pour qu’il recouvre la santé. Alors que nous parlions encore, Valéry eut un malaise et dut appuyer sur le bouton d’urgence. Je lui ai donc dit que j’allais raccrocher et le rappeler un peu plus tard, lorsque les médecins l’auraient stabilisé. C’était la dernière fois que je discutais avec Valéry. Deux jours plus tard, après avoir essayé de le joindre en vain, j’appris la nouvelle bouleversante de son décès. Le seigneur l’avait convoqué au banquet céleste. De mon amitié avec Valéry, je retiens trois éléments l’ayant caractérisé :
- Pa’a, comme j’aimais bien l’appeler, savait supporter. Il ne se plaignait que très rarement. Durant tout ce temps, il portait une aussi grande douleur dans le silence. Il a tellement bien supporté que ce n’est que trop tard que nous nous sommes rendus compte de ce qu’il endurait.
- Valéry était un religieux au cœur généreux, un homme au contact facile. Généralement il lui fallait moins de dix minutes pour nouer des relations solides et vraies avec ceux et celles qu’il rencontrait.
- Mon ami et compagnon dans le seigneur était un intellectuel de haute facture, et il avait compris qu’il fallait qu’il se consacre de manière particulière à la nature. Sa passion pour l’écologie donnait de voir en filigrane un homme qui avait souci de laisser un monde vivable aux générations futures.
Je voudrais terminer mon propos en adressant mes sincères remerciements à la Compagnie de Jésus, qui a donné à Valéry, la possibilité de vivre pleinement la vocation de religieux. Pa’a, conscient de sa faille existentielle, désirait de toute ses forces être un religieux selon le Saint Cœur de Jésus. Je suis convaincu qu’il a remporté la couronne qui ne flétrit pas ! (1 Co 9, 25)
Je voudrais remercier de tout cœur la famille biologique de Valéry, en particulier maman Mariana, sa mère, pour le cadeau que son fils a été pour l’Eglise et pour moi. J’ai été édifié par le bout de chemin effectué avec lui. Ce n’est qu’un aurevoir, puisque nous nous reverrons bientôt au paradis de Dieu, en attendant, puisse ton âme reposer reposer en paix !
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