Au matin du 20 novembre 2016, en la Solennité du Christ Roi de l’Univers, le Pape François a accompli le rite de fermeture la Porte Sainte à Rome. Ainsi sont-ils finis les jours du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde. Mais sont-ils aussi finis les moments où nous sommes appelés à devenir jour après jour signe efficace de l’agir du Père que nous connaissons « tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité » (Ex 34, 6) (Misericordiae Vultus, n° 3) ? Cette question trouve sa réponse dans la Lettre Apostolique Misericordia et Misera publiée par le Pape François le lendemain de la clôture de l’année jubilaire. Dans ce texte, le Pape revient sur l’expérience jubilaire et ose imaginer une manière d’élaborer la culture de la miséricorde dans notre monde d’individualisme où Dieu demeure un inconnu.
L’expérience de l’année extraordinaire de la Miséricorde pour le Pape François semble se résumer en deux mots : « Misericordia » et « Misera » (Miséricorde et Pauvreté). Ces mots par lesquels Saint Augustin relate « la rencontre entre Jésus et la femme adultère (cf. Jn 8, 1-11) » (n°1), sont les plus belles expressions que le Pape a trouvées non seulement pour conclure l’année jubilaire mais aussi pour indiquer « la route que nous sommes appelés à suivre à l’avenir » (n°1). L’année jubilaire a été un moment où « l’Église a su se mettre à l’écoute, et elle a fait l’intense expérience de la présence et de la proximité du Père qui, par l’Esprit Saint, lui a rendu plus manifeste le don et la mission de Jésus Christ concernant le pardon » (n°4) : le service des Missionnaires de la Miséricorde (n°9), l’initiative des 24 heures pour le Seigneur (n°11), les vendredis de la miséricorde (n°17), etc. Cependant, au moment où s’est achevée cette belle et intense expérience de Mis-Mis (Misericordia et Misera), l’heure n’est pas à la nostalgie. Plus que jamais « il est temps de regarder en avant et de comprendre comment continuer avec fidélité, joie et enthousiasme, à faire l’expérience de la richesse de la miséricorde divine » (n°5). Pour cela, le Pape invite à élaborer, grâce à l’imagination, un style, une « culture de la miséricorde » (n°20). Il donne lui-même le ton.
De l’expérience jubilaire, le Pape concède « à tous les prêtres, à partir de maintenant, en vertu de leur ministère, la faculté d’absoudre le péché d’avortement » (n°12). Aussi, le Pape concède-t-il aux fidèles qui fréquentent les églises desservies par des prêtres de la Fraternité Saint Pie X « la faculté de recevoir validement et licitement l’absolution sacramentelle de leurs péchés » au-delà du Jubilé (n°12). Si la nature de la miséricorde est de combler la misère du prochain, il faut dire que c’est dans cette dynamique qu’elle (la miséricorde) prend le « visage de la consolation » (n°13). Fort de cela, le Pape propose que soit célébrée, « dans toute l’Église, le XXXIIIè Dimanche du Temps ordinaire, la Journée mondiale des pauvres » (n°21). Outre ces décisions et intuition, le Pape invite à la prière assidue, à l’ouverture docile à l’action de l’Esprit, à la familiarité avec la vie des Saints, à la proximité concrète avec les pauvres (n°20).
Ils sont finis les jours du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde. Mais « voici venu le temps de la miséricorde » (n°21). Ce refrain qui rythme la fin de cette Lettre Apostolique aide entre autre à relire l’année du Jubilé comme le temps de l’entrainement pour l’élaboration de la culture de la miséricorde. Bref, « le moment est venu de donner libre cours à l’imagination de la miséricorde » (n°18) en vue de la culture de la Miséricorde. Mais cette imagination ne prend ses sources que dans l’expérience personnelle de Mis-Mis. Par Misericordia et Misera, le Pape n’annoncerait-il pas le temps des styles de la Miséricorde ?
Pour accéder au texte intégral: http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/apost_letters/documents/papa-francesco-lettera-ap_20161120_misericordia-et-misera.html
P. Guy SAVI, S.J.
Douala
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