
Non, ce n’est plus mon âge, mais celui de la paroisse Notre Dame de Dadouar. que nous avons célébrée cette année le 15 août lors de la fête patronale. Cette
solennité, que nous fêtons toujours à la date requise du 15 août, coïncidait cette année avec les 70 ans de la paroisse.
Outre la grand messe, présidée par l’abbé Élisée, notre nouveau curé, avec quelques 900 fidèles, le repas festif et sa boisson (cotisations locales), le concert de la
chorale et les danses traditionnelles qui ont conclu la journée, nous avons choisi de mettre en œuvre un pèlerinage pour retracer l’humble chemin parcouru pour cette fondation. Le rendez-vous était fixé au lendemain, le samedi 16 août. Las, autant le vendredi était ensoleillé, le samedi s’abattent des trombes d’eau, car nous sommes en saison des pluies. Le dicton nous guide : »Pluie du matin n’arrête pas le pèlerin !» .
Vers 10 heures nous étions une centaine au lieu de rendez-vous fixé : le puits de Bikorior. Tous les grands villages sont représentés : Bagoua, Barlo, Baywangué,
Bogroum et Dadouar. Trois groupes sont constitués : les enfants autour de Mikaël Awada, les jeunes accompagnés par Ramadan Mahadjir, les adultes avec Bilbil Kaali, François Adam, Pascal Saleh et bien d’autres encore (dont quelques vaillantes grand- mères!). Je distribue des aides-mémoires aux animateurs : passages d’évangiles, questionnaires et résumé de l’événement historique mais que la pluie rend vite inutilisable. Qu’importe, le chemin n’est pas long, on prend son temps pour raconter, prier, méditer, chanter. Mais, en fait, que s’était-il passé il y a 70 ans ?
Alors que le fondateur de la paroisse, le père Joseph Cavoret, après trois tentatives d’installation était menacé d’expulsion, des hommes courageux sont venus
le chercher pour lui offrir une place chez eux, dans un quartier dissident : Dadouar ! Humble cortège, piétons, chameau, âne, vélo traîné à la main car le sentier n’est que pierres et rochers. A l’arrivée, une petite case en paille tout juste aménagée, on décharge rapidement pour se mettre à l’abri car, déjà, c’est la première pluie de l’année : le 1er mai 1955.
Qui étaient ces hommes ? Les souvenirs du père Cavoret mentionne simplement : Abouna, ancien combattant. Était-il chrétien ? Probablement pas, encore
que certains de ces anciens combattants, ayant servis en Syrie et Liban, ont été baptisés dans les eaux du Jourdain ! Rien de moins !
Donc, un anniversaire de 70 ans, aussi est-il encore temps d’interroger les plus anciens, en savoir un peu plus sur cette poignée d’hommes qui ont permis la
proclamation de la parole de Dieu dans leur quartier et dans toute cette région… Voilà, après deux heures passées sous la bruine, les trois groupes sont arrivés, mouillés bien sûr, mais en chantant, prêts pour la célébration de la messe, suivi du « pat-pagé », petit repas de pâte d’arachide et de haricots typique des travaux en
commun… Action de grâces, portée physiquement, pour commémorer aujourd’hui, l’événement de 70 ans qui a ouvert un chemin de foi.
Portez-vous bien, avec toute mon amitié,
Mongo, 23 septembre 2025 Serge Semur sj
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