Par Honoré Onana Olah, SJ

Le père Fratern Masawe, SJ, Assistant ad Providentiam, et Conseiller général pour l’assistance d’Afrique a présidé en ce vendredi la messe de clôture sur la première rencontre des jésuites d’Afrique et de Madagascar sur la formation. Une rencontre qui s’est tenue du 08 au 14 décembre à Nairobi sur le thème « vin nouveau, dans les outres neuves » (Luc 5 :35-38).

Sous l’ère des Préférences Apostoliques Universelles (PAU), cette première rencontre des jésuites d’Afrique et de Madagascar sur la formation a notamment vu la participation effective à toutes les sessions du père Fratern Masawe, SJ, du père Mark Ravozza, SJ, Conseiller du Père Général pour la formation, du père Agbonkhianmeghe Orobator, SJ, Président du JCAM (Conférence des Jésuites d’Afrique et de Madagascar), de plusieurs provinciaux et des jésuites à différentes étapes de la formation, ainsi que de plusieurs collaborateurs de la Compagnie de Jésus.

Quelques participants

Cette dernière journée de vendredi qui avait pour thème « pour entrer plus profondément dans le chemin des préférences : une vision de la formation en Afrique et Madagascar, à la lumière des PAU » a surtout consisté à faire des orientations et à évaluer tout le chemin parcouru durant cette grande assemblée. Le père Orobator, SJ a donné quelques orientations par rapport au déroulement des différentes conversations rencontres.  L’on a par exemple noté lors de la mise en commun des différents groupes de réflexion le sérieux avec lequel les organisateurs sous la coordination du père ont préparé cette réunion mais également le bienfait des « conversations spirituelles ». Les participants ont également essayé de réfléchir sur comment envisager de manière nouvelle la formation  dans le contexte africain  et malgache. On a aussi noté un grand désir de pouvoir allouer plus que comme par le passé davantage de ressources pour la formation. La spiritualité ignatienne est également revenue comme un rappel de notre héritage comme jésuite à partager davantage avec le continent qui en a tant besoin en lien avec les PAU.

Notons auparavant que la veille (quatrième journée) le thème retenu a été celui de « A Vin nouveau, outres neuves : Voies transformatives et créatives pour l’accomplissement de la mission de formation en Afrique et Madagascar ». Plusieurs présentations dont celle du frère Reginal Cruz de la Congrégation des xavériens et des témoignages de quatre laïcs engagés dans divers champs apostoliques PAU. Selon le frère Reginal Cruz à la suite du concile Vatican II un nouveau paradigme de la vie religieuse a surgi qui affecte la manière de percevoir la formation. Celle-ci n’est plus comprise simplement comme docilité (au formateur) mais docibilitas (la capacité à être enseigné). Dans le même temps, le modèle de l’acteur primordial de la formation a changé. Les acteurs dans le processus de formation sont six : la Trinité, la personne en formation, le formateur, la communauté, l’Eglise et le monde en général.

Parmi les autres collaborateurs des jésuites à exposer ce jour, Madame Nicole Facheux, épouse, mère et étudiante en Master/STL en théologie a entretenu les participants sur la jeunesse où elle a invité les formateurs à se rendre compte que chaque jeune en formation est unique en son genre. De son côté, M. André Atsu, coordinateur régional du Service Jésuite pour les Réfugiés (JRS) pour l’Afrique de l’Est est revenu sur les actions du JRS et sur quelques statistiques sur les personnes déplacées en Afrique et dans le monde. M. David Munene, responsable du Catholic Youth Network for Environmental Sustainability of Africa (CYNESA), a pour sa part, parlé du rôle que pourrait jouer la Compagnie en Afrique dans le domaine de l’écologie. Mme Phyllis Muraya a enfin évoqué l’impact des Exercices Spirituels dans sa vie et celle de son groupe qui leur permet de venir en aide aux plus démunis.

La troisième journée des travaux a porté sur le thème « Serviteurs de la mission du Christ : Renouveler l’identité, la mission et le profil des jésuites en formation et des formateurs en Afrique et Madagascar ». Selon le père Michael Lewis, SJ, responsable du Troisième An dans la Compagnie, trois notions sont les ennemis de la formation: la peur, la colère et l’agression passive. Il a également demandé à l’assistance de faire attention sur trois autres notions dont l’argent qu’on résout avec la simplicité, le sexe avec la fidélité et le pouvoir avec le service. Le deuxième exposant du jour le Dr David Kaulem, enseignant à Arrupe Jesuit University au Zimbabwe a de son côté insisté sur la nécessité de la collaboration dans le processus de formation.

« En racontant notre histoire : récits des meilleures pratiques de la formation jésuite » a été le thème retenu pour la deuxième journée de travail. Le père Mark Ravizza, SJ a au cours de sa présentation, a surtout fait remarquer qu’Ignace de Loyola n’a jamais utilisé le terme formation mais probation. Probationes en espagnol est une invitation à gouter et à voir si l’on est appelé à vivre dans la Compagnie. Le terme nous rappelle que c’est Dieu/le Christ qui est le formateur et que les formateurs ne sont que des accompagnateurs. Le deuxième intervenant du jour, Mme Catherine Waiyaki, membre de la communauté de Vie Chrétienne (CVX), a souligné pour sa part, l’importance du sacrement de réconciliation et la nécessité de guérir les blessures intérieures. Selon elle, les religieux ont aussi besoin d’un environnement pour les soutenir (ce qui implique aussi une communauté de laïcs). Mme Waiyaki n’a pas manqué de dénoncer le cléricalisme, maladie qui selon elle affecte le clergé aussi bien que le laïcat.

Le thème réservé à la première journée de cette rencontre sur la formation du jésuite était « composition du lieu : la Formation jésuite en Afrique et Madagascar aujourd’hui ». Dans sa présentation, le père Orobator, SJ a notamment rappelé le chemin parcouru. D’après le Président du JCAM, il y a une histoire à l’intérieur de notre assistance/conférence concernant la formation qui nous précède et nous en sommes les héritiers. Aujourd’hui, a-t-il fait remarqué, les choses ont changé; les jésuites ne peuvent plus fonctionner selon les anciens modèles. Ils sont appelés à faire les choses différemment. Les jésuites en formation, a-t-il ajouté, sont confrontés aujourd’hui à plusieurs défis et sont différents de ce qu’ils étaient il y a trente ans. Concernant la crise sur les abus sexuels il a invité ses confrères à s’engager davantage. Tout en évoquant les préférences apostoliques, le Père Orobator, n’a pas manqué d’insister sur le charisme des jésuites dans la manière dont ils vivent les vœux de pauvreté, obéissance, chasteté ; mais aussi sur le don dont ils sont enrichis à travers les Exercices Spirituels.

Il convient de noter qu’à la fin de chaque présentation, des temps de prières et de conversations spirituelles avaient lieu pour davantage écouter ce que l’Esprit avait à partager aux participants sur la formation.

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