Jésuites de la Province A.O.C : Notre engagement

Pour plus de 450 ans, les prêtres et les frères jésuites ont vécu une grande histoire de servir l’Eglise dans de manières nouvelles et inattendues.

Nous sommes toujours des hommes faits pour la mission, prêts à changer de lieu, de profession et de mode de vie – tout ce qui peut faire avancer notre mission dans l’Église.

Nous sommes appelés à aller au bout du monde pour enseigner Jésus-Christ et prêcher la Bonne Nouvelle.

Aujourd’hui, ce «nous» s’est élargi pour inclure les hommes et les femmes qui partagent cette vision du service à la foi et à la justice qu’exige la foi.

      1. Qu'ai-je fait pour le Christ?
      2. Qu'est-ce que je fais pour le Christ?
      3. Que vais-je faire pour le Christ?

Le gentilhomme

Iñigo Lopez de Loyola, qui adoptera le prénom d’Ignace, est le fondateur de la Compagnie de Jésus. Il est né en 1491 au pays basque, treizième et dernier enfant d’une famille noble, aux traditions chrétiennes vivantes.

L’Espagne de ce temps est en plein élan de reconquête sur les Maures et vers les grandes découvertes maritimes. C’est donc un chevalier, épris de prouesses galantes, d’honneur et d’héroïsme, qui grandit en cet univers de l’ordre médiéval.

Lorsque l’armée française marche sur la Navarre, seule Pampelune résiste désespérément. Le lundi de Pentecôte, 20 mai 1521, l’artillerie française bombarde la citadelle. Un boulet atteint Iñigo, qui s’écroule, une jambe broyée et l’autre blessée. Sa chute brise la résistance des défenseurs. Les vainqueurs transportent le blessé au château paternel. Sa jambe s’étant mal ressoudée, deux nouvelles opérations seront nécessaires. Dans la nuit du 28 au 29 juin, veille de saint Pierre, il se trouve à l’article de la mort. Mais il s’en sortira ; il attribuera à saint Pierre sa guérison.

Le pélérin

En février 1523 commence le pèlerinage en Terre Sainte. Il durera une année entière. Le 4 septembre il est à Jérusalem. Mais, le 22 septembre il en est expulsé par le provincial des franciscains. Revenu à Barcelone, en février 1524, Ignace décide de donner à sa vie une orientation nouvelle. Venu à Alcala en 1526 pour commencer le cours des Arts, il recrute ses premiers compagnons et suscite aussi les soupçons de l’inquisition. En septembre il quitte l’Espagne et se rend seul à Paris. Il ne se contente pas d’obtenir sa maîtrise ès Art. Il rassemble de nouveaux compagnons. Plusieurs ne le suivront pas, mais d’autres deviendront le premier noyau de la Compagnie, Pierre Favre et François Xavier d’abord. Ils seront sept, le 15 août 1534, à monter à Montmartre. Durant sa convalescence une évolution intérieure va conduire à sa conversation. Pour se distraire il demande des romans de chevalerie. Mais dans la bibliothèque du château il n’y avait que deux ouvrages de piété : une histoire des saints, La légende Dorée, du dominicain Jacques de Voragine, et la Vie de Jésus-Christ du chartreux Ludolphe de Saxe.

C’est la lecture de ces livres et ses propres réflexions qui conduiront Iñigo à réviser son premier idéal de vie. Les saints lui font découvrir un nouveau style de chevalerie spirituelle. L’histoire de Dominique, de François d’Assise et celle de l’anachorète Onuphre l’impressionnent. Il transcrit dans un gros volume, les paroles et les actions du Christ et de la Vierge.

Durant ces semaines, stimulé par la lecture de Ludolphe, Iñigo fait sa première expérience de discernement des esprits. A l’exemple des saints, pour faire pénitence de ses péchés, il se propose d’entreprendre des choses ardues et difficiles. Puis il conçoit le projet de partir pour la Terre Sainte, comme pèlerin, et d’y finir ses jours.

En février 1522, il quitte Loyola en habit de chevalier. Le pèlerinage commence. A l’abbaye bénédictine de Montserrat, il prépare durant trois jours une confession générale pour remettre sa vie de péché à la miséricorde de Dieu. Le 25 mars, au cours d’une veillée d’armes, il se consacre au service du Christ, son nouveau roi, par la médiation de Marie, sa nouvelle dame. Il s’arrête à Manrèse où il vit une aventure spirituelle riche et décisive. Quand il quitte Manrèse, l’essentiel des Exercices spirituels aura pris corps.

 A 33 ans il va entreprendre le long cycle des études qui le conduira au sacerdoce.  Là ils renouvellent ou font le voeu de chasteté, de pauvreté; en outre ils s’engagent à aller à Jérusalem une fois leurs études terminées. Mais si, pour quelques raisons, ce projet ne peut se réaliser, après un an d’attente, ils s’en remettront au Pape, “vicaire du Christ en terre”, pour fixer les formes et les lieux de leur ministère.

En avril suivant, Ignace, malade, repart vers sa terre natale. Le rendez-vous avec les compagnons est fixé à Venise. Ils s’y retrouveront à dix en janvier 1537. Une délégation part pour Rome; elle obtient du Pape l’autorisation du pèlerinage de Jérusalem. Le Pape leur accorde aussi les plus larges facultés pour le ministère de ceux qui sont déjà prêtres et pour l’ordination des autres, dans les conditions les plus favorables. Cette ordination aura lieu à Venise, le 24 juin 1537. Mais les compagnons décident, unanimement, qu’avant de célébrer leur première messe, ils iront s’y préparer durant trois mois, en menant la vie contemplative et en faisant pénitence.

C’est alors qu’Ignace, avec Favre et Lainez, s’installe, aux portes de Vicence, dans le vieux couvent abandonné de Saint-Pierre in Vivarolo. Il y revivra les expériences de Manrèse. Après cette période, ne voyant pas de possibilité immédiate pour le voyage en Terre Sainte, les compagnons décident de se disperser à nouveau pour reprendre leur vie apostolique dans les villes universitaires de haute et de moyenne Italie. C’est alors qu’avec Favre et Lainez, Ignace part pour Rome. Vers le 15 novembre 1537, au hameau de la Storta, Ignace, à la suite d’une vision éprouve, comme autrefois à Manrèse, une transformation profonde.

Il arrive à Rome en décembre 1537. Désormais, il ne quittera pratiquement plus la ville. Il s’y adonne d’abord, comme tous ses compagnons, à tous les ministères possibles de charité corporelle et spirituelle. Surtout, il donne les Exercices. Les calomnies, à nouveau, s’abattent sur lui. Il tient désormais à faire reconnaître publiquement la rectitude de son sens de l’Eglise aussi bien dans sa pratique que dans ses écrits. Cela permet aux compagnons de faire la démarche dont ils rêvaient depuis Paris, puisque le voyage à Jérusalem s’avère impossible. En novembre 1538 ils s’offrent au Pape Paul III. Ce dernier leur confie la première mission de la Compagnie: enseigner le catéchisme aux enfants des écoles de Rome.  Pour Ignace, l’année se termine par la célébration de sa première messe, la nuit de Noël, à l’autel de la Nativité de la basilique Sainte-Marie-Majeure. En 1539 un tournant décisif va s’opérer. Il y a eu, jusqu’ici, un groupe de compagnons; la Compagnie de Jésus va naître , alors que, jusqu’à cette date, jamais les compagnons n’avaient formé le projet de fonder un nouvel ordre religieux. Mais, à la suite d’une longue délibération entre eux, de la mi-mars à la fin juin, les compagnons décident de former un corps et de se donner un supérieur auquel ils obéiront. Ignace devient fondateur d’ordre. Il en sera élu préposé général le 8 avril 1541.

Entrée par le Tchad

C’est en 1946 que les premiers jésuites arrivent dans le territoire qui sera plus tard la province de l’Afrique occidentale. Ils font leur entrée par le Tchad pour y commencer une mission d’évangélisation. Ils fondèrent deux diocèses où ils donnèrent naissance à une église tchadienne. Cette mission au Tchad se poursuit aujourd’hui à travers de multiples engagements apostoliques. Ces engagements pris dans le passé l’ont été à la suite d’un discernement et d’une lecture des signes des temps.

Le Collège Libermann

En 1957, l’Eglise de Douala lançait un appel à la Compagnie pour prendre en charge une œuvre d’éducation de la jeunesse. Après discernement, la Compagnie estima qu’elle pouvait répondre positivement à cet appel. Elle s’engagea résolument au Collège Libermann à Douala, succédant ainsi aux Pères Spiritains qui avaient fondé cette institution. Dans la suite, d’autres œuvres virent le jour à partir de cette présence initiale de la Compagnie au Cameroun.

INADES

En 1962, les évêques d’Afrique de l’Ouest demandaient à la Compagnie de les aider à répondre aux problèmes sociaux des républiques africaines qui accédaient à l’indépendance. A l’écoute de l’Esprit, la Compagnie décida alors de fonder l’Institut Africain pour le Développement Economique et Social (INADES) qui s’est intéressé au milieu rural d’une manière toute spéciale. L’attention au phénomène de l’urbanisation croissante conduisit ensuite les compagnons à s’investir dans l’animation urbaine.

Saint Charles Lwanga

Le 31 juillet 1973, la Vice-Province d’Afrique de l’Ouest est créée. En septembre de la même année, une équipe de six jésuites canadiens arrive au Sénégal pour prendre en charge le Collège Saint Charles Lwanga dans le diocèse de Zinguinchor. Ils y resteront jusqu’en 1983 avant de s’installer à Tambacounda.

Ouagadougou

En 1974, la Compagnie répondra à l’appel de l’Eglise de Haute-Volta (Burkina Faso) où les jésuites s’installent à Ouagadougou. Ils interviennent dans l’enseignement et la pastorale du diocèse.

Brazzaville

6. A Brazzaville au Congo une communauté se forme en 1976. Elle s’investit dans l’activité paroissiale, puis s’oriente vers le monde étudiant.

Cotonou

  1. En 1985, la Compagnie s’établit au Bénin, assurant la responsabilité de la paroisse rurale de Sèhouè, avec pied-à-terre à Cotonou.

Bangui

8. La Compagnie est présente à Bangui en RCA à partir de 1998. Depuis l’année 2003 elle dirige une aumônerie universitaire dans ce pays.

Togo

  1. Au Togo, une communauté de deux pères s’est installée à Lomé, en 2001. Ils interviennent dans la pastorale des jeunes et dans la prévention contre le VIH/SIDA.
Pour plus de détails sur l’actualité de la présence jésuite dans les pays de la province où la Compagnie est présente, voir la rubrique « Pays de la PAO ».

Notre mission

Servir et restaurer la personne humaine, image et ressemblance de Dieu, dans son intégrité et dans sa dignité afin qu’elle participe à la construction d’une Afrique réconciliée avec elle-même, plus fraternelle, plus solidaire, plus juste et plus ouverte ; est là notre mission.

  • En toutes choses, nous voulons trouver Dieu, l’aimer et le servir et ainsi devenir ferment de son Règne.
  • Dans un esprit de générosité et de disponibilité, nous voulons être des instruments entre les mains de Dieu.
  • Dans un esprit de collaboration, nous voulons rendre visible la ferveur de l’héritage ignatien dans la variété de nos apostolats.
  • Par le don de nos vies, nous voulons contribuer à l’émergence d’un ordre plus juste en Afrique par la solidarité avec les plus déshumanisés et les plus vulnérables de la société, et par la promotion ou l’accompagnement des initiatives porteuses d’espérance.

La formation des Nôtres

Nous servirons efficacement la mission du Seigneur en demeurant fidèles au charisme religieux de nos origines. Nous formons des personnes :

  • Solidement enracinées en Dieu ;
  • Totalement disposées à se laisser conduire par la main divine ;
  • Profondément insérées au cœur du monde ;
  • Professionnellement compétentes et désintéressées.

Tout ceci grâce à des équipes apostoliques cohérentes, formées d’hommes engagés, profondément unis à Jésus-Christ, guidés par l’Esprit et, capables d’hospitalité et de convivialité. Au sein de ces équipes, chaque compagnon porte la mission qui lui est confiée comme une mission portée avec et pour toute la Province.

L’éducation

Notre apostolat de l’éducation secondaire, tertiaire tout comme dans la formation continue est un engagement à la formation à la responsabilité, au sens du bien commun, au sens du service, à la justice et à la solidarité, bien au-delà des seuls indicateurs quantitatifs. Il s’agit de :

  • Former des hommes et des femmes à acquérir des qualités humaines et spirituelles ;
  • Les préparer à participer activement à façonner leur société et leur monde.

L’apostolat spirituel

Notre apostolat spirituel trouve sa racine dans une conviction profonde : « la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, et la vie de l’homme c’est de connaître Dieu ». C’est dans l’esprit des Exercices Spirituels que se poursuis aujourd’hui encore le maintien simultané de la vision et de la mission. S’il est vrai que toutes nos activités sont inspirées de la spiritualité ignatienne, l’apostolat spirituel constitue un domaine spécifique considéré avec un soin particulier. Voilà pourquoi il convient de distinguer les centres spirituels (le Centre Spirituel de Rencontre à Bonamoussadi, Paam-yõodo à Ouagadougou, Les Rôniers à Sarh, Vouéla à Brazzaville) d’autres lieux comme les collèges, les paroisses, les aumôneries des collèges et universités et des autres centres.

Gouvernement et communication

Le gouvernement dans la Compagnie sert à la construction du corps apostolique. Notre vie communautaire est un signe que le Royaume de Dieu proclamé par notre témoignage est une réalité. Le supérieur jésuite veille à être un lien entre les membres de sa communauté et donne une impulsion à ce qui est au cœur de la Compagnie. Pour cela, il travaille à :

  • Développer les liens avec l’Église locale ;
  • Être suffisamment ouvert à la société locale pour mieux comprendre les mutations

Le dialogue interreligieux

Notre apostolat en vue d’un dialogue interreligieux fructueux et fécond se construit aujourd’hui comme une réponse aux interpellations pressantes qui viennent comme des urgences des religions traditionnelles africaines et des défis particuliers des nouveaux mouvements religieux. En tenant compte de la configuration de notre Province où se retrouve une vraie mosaïque de religions, et devant le constat que la plupart des initiatives dans le domaine du dialogue interreligieux sont encore individuelles, nous prônons l’ouverture.

L’apostolat social et intellectuel

Notre apostolat intellectuel et social est une vocation à l’excellence dans le service de la personne humaine en demeurant plus que jamais sensibles aux maux structurels multiples qui rongent nos sociétés. La complexité des problèmes nous invite à :

    • Travailler en collaboration avec d’autres pour en saisir les liens et les mécanismes profonds en vue de solutions appropriées ;
    • Trouver des réponses qui engageront notre action dans la longue durée

Les dimensions de l’apostolat social et intellectuel s’interpellent mutuellement pour inscrire dans la durée les réponses aux urgences et aux défis sociaux ainsi que les initiatives et les orientations nouvelles. En maintenant l’excellence dans cet apostolat, comme ailleurs, on encourage de vocations précoces vers ce champ apostolique. Les œuvres liées à cet apostolat sont les suivantes :

    • Le Bon Samaritain (N’Djaména – Tchad)
    • Centre de Recherche et d’Action pour la Paix (Abidjan – Côte d’Ivoire)
    • Centre d’Étude et de Formation pour le Développement (N’Djaména – Tchad)
    • Faculté de Sciences Sociales et de Gestion (Yaoundé – Cameroun)
    • Centre Espérance Loyola (Lomé – Togo)
    • Centre de Recherche, d’Étude et de Créativité (Cotonou – Bénin)

Les ressources financières

En tant que jésuites, nous vivons de notre travail, tout en gardant en mémoire le principe de la gratuité des ministères, et établissons un budget ainsi qu’un plan rigoureux d’évaluation continue des finances de nos communautés et de nos œuvres. Tout comme le secteur des ressources humaines, celui des ressources financières est transversal et nécessite un regard qui embrasse tous les autres secteurs apostoliques. Il revient au Provincial, aux supérieurs, économes, ministres et directeurs d’œuvre de veiller à diversifier les ressources financières en faisant connaître nos œuvres auprès des bienfaiteurs et autres organismes d’aide au développement

En fondant la Compagnie de Jésus, Ignace de Loyola a conçu, pour la première fois dans l’histoire de la vie religieuse, un ordre purement apostolique. La différence avec les anciens ordres d’inspiration bénédictine, franciscaine ou dominicaine, qui ont accompli de grandes choses au service de l’Église, se situe au niveau de la nouveauté qu’Ignace introduit : le service apostolique qui est le but unique de l’ordre, et, logiquement, l’universalité du champ de travail et des méthodes apostoliques est érigé en principe.

Jusqu’alors, la vie religieuse s’inspirait du monachisme et en portait les signes distinctifs: le cloître, l’habit et surtout la prière du chœur comme centre et source de contemplation. Le service apostolique découlait de la contemplation : apporter aux autres le fruit de sa contemplation. Ignace rompt avec les formes de vie monastique pour privilégier la liberté du service apostolique. 

Ignace ne fait pas que supprimer, il construit du nouveau. Au centre de la vie de l’Institut il met sa pédagogie pour chercher Dieu en toutes choses. C’est là que se trouve la spécificité de la Compagnie. Cette particularité est contenue dans les Exercices Spirituels.