Du 27 au 29 octobre 2022 s’est tenue, à Chem Chemi à Nairobi au Kenya, la 3e Assemblée annuelle du réseau jésuite pour la justice sociale et l’écologie (JENA) sur le thème : “Préparer l’avenir : renouveau et résilience dans un monde post-COVID 19”. Les participants ont plaidé pour plus de justice sociale et de l’écologie.

Les responsables ou leurs représentants ont partagé leurs expériences de réponse aux défis majeurs actuels dans le domaine de développement durable qui concerne les questions de santé, d’éducation, de protection de l’enfance ; ou encore le domaine l’écologie avec l’exploitation de minerais, la souveraineté alimentaire et la bonne gouvernance. L’objectif de l’assemblée était de réfléchir sur le futur que nous devons construire pour plus de justice sociale et de l’écologie. Cette assemblée s’est tenue à quelques semaines de la COP 27 qui se tiendra à Charm-el-Cheikh en Egypte. Pour la première fois en Afrique.

Ce sont des sujets sur lesquelles le CEFOD au Tchad, les Centres Loyola et Espérance au Togo et le CERAP en Côte d’Ivoire travaillent depuis plusieurs années. C’est ce qui justifie la présence des représentants de ces centres à l’assemblée JENA pour partager avec les autres participants ce qui se fait dans les centres suscités. C’était aussi pour apprendre des autres participants ce qui se fait à d’autres endroits sur le continent.

Les délégués ont abordé les grandes thématiques inscrites dans l’agenda de l’Assemblée. La première thématique concernait l’écosystème. Il a beaucoup été question de la pêche et de l’exploitation abusive des minerais. Chacune de ces activités a des conséquences directes sur la vie des populations. La rareté du poisson crée la pauvreté chez nombre de populations africaines qui ont pour principale source de revenue, la pêche. A cause de l’exploitation abusive du sol et sou- sol africain, souvent par des entreprises étrangères, le sol et le sous-sol deviennent de plus en plus pauvres. La production agricole est en baisse ce qui occasionne l’insécurité alimentaire. C’est une injustice faite, notamment aux plus pauvres, ont fait observer les participants. Ils ont invité à une conversion à l’écologie verte. L’autre grande thématique abordée est la santé. Le SIDA et la malaria continuent de tuer beaucoup de monde. Une autre thématique était également au cœurs des échanges : les migrations et les réfugiés. On observe beaucoup de déplacés à cause des guerres, mais aussi à cause des problèmes liés au dérèglement climatiques. Les réfugiés ne sont pas condamnés à rester réfugiés jusqu’à la fin de leurs jours. Les jésuites travaillent à leur réinsertion sociale, malgré les conditions d’insécurité qui se posent dans certains pays Sahélo-sahélien, a mentionné Patrick Etamesor, directeur régional Afrique de l’Ouest et Région des grands-Lacs de JRS. Plusieurs pays dont le Tchad font l’expérience des conséquences du réchauffement climatique avec les inondations dans le 9e arrondissement de N’Djamena. Dans tous ces cas de figure, c’est une injustice faite, notamment aux plus pauvres, ont estimé les participants à l’assemblée qui ont invité à une conversion à l’écologie verte.

À quoi devrait ressembler le ministère jésuite de la justice sociale et de l’écologie aujourd’hui ? Xavier Jeyaraj, jésuite indien, invité à cette assemblée annuelle a proposé quelques pistes de réflexions pouvant aider à trouver des réponses à cette question. Le ministère jésuite de la justice sociale et de l’écologie doit se matérialiser par des engagements concrets sur le terrain. Le jésuite indien a souligné la nécessité pour les jésuites et leurs collaborateurs de s’impliquer davantage et pleinement dans la préservation de la planète. Car, dit-il, prendre soin de notre maison commune, c’est-à-dire la planète, est une question de justice sociale. C’est-à-dire une manière de nous montrer juste à l’égard de nos contemporains, notamment les plus vulnérables qui subissent, au quotidien les conséquences des dérèglements climatiques. Il s’agit également de se montrer juste à l’égard des générations futures, à qui nous devons laisser une planète habitable. Les jésuites et leurs collaborateurs, à travers les projets de développement durable qu’ils développement et exécutent dans leurs structures et dont l’écologie occupe une bonne place, peuvent préparer un meilleur avenir pour l’humanité. Le délégué du CEFOD qui a pris part à ce rendez-vous panafricain, s’est réjoui devant les autres délégués de constater que le CEFOD est en symbiose avec les autres centres dirigés par les jésuites en Afrique et Madagascar. En effet, l’institut universitaire CEFOD Business School a inscrit dans son programme de Master un cours qui abordent les questions environnementales, l’objectif étant, bien sûr, de former les étudiants à la conscience écologique.

Bien qu’ils soient enthousiastes, les jésuites sont conscients que tous seuls, ils ne pourraient trouver des solutions durables à la crise écologique que nous vivons. Mais selon Emmanuel Orobator, président de la Conférence des jésuites d’Afrique et Madagascar (JCAM), les jésuites et leurs collaborateurs peuvent continuer à prêcher par l’exemple dans leurs institutions scolaires, universitaires et leurs centres sociaux.

Plusieurs stratégies de lutte en faveur de la préservation de l’écosystème, mais aussi de stratégies de promotion de l’éducation pour tous, de la santé pour tous ont été imaginées par les participants. Parmi ces stratégies il a été proposé la création d’un Think-Thank qui peut aider à promouvoir les activités du réseau JENA. Signalons qu’ils étaient environ une cinquantaine de délégués à prendre part à ce rendez-vous continental.

Pierre Boubane,
à Nairobi (Kenya)

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