L’année jubilaire ignatienne, telle que nous l’avons vécue à Tambacounda, a été une occasion de nous réjouir des bienfaits réalisés par Dieu à travers de simples gestes, paroles et attitudes multipliés par les compagnons qui se sont succédé ici depuis 1983. A défaut de les revivre, nous avons perçu l’intensité du bonheur qu’ils ont fécondé dans des familles alors fragilisées par la précarité et le désespoir. Et pourtant, chemin faisant, des cœurs se sont laissés abreuver par toutes ces attentions qui ont fini par renouveler la manière de se voir, de voir l’autre et de voir la vie elle-même. Un nouvel esprit de solidarité et de communion a pris racine et continue, imperceptible, d’irradier les dimensions familiale, citoyenne et religieuse de générations de fidèles de la paroisse saint Pierre Claver. C’est pour mieux savourer ensemble cette transformation—qui traverse notre temps et nous sollicite—que nous avons entrepris tout au long de l’année, de partager et de célébrer.

Partage d’éclairages

Depuis l’ouverture de l’année jubilaire et de la porte sainte, en début octobre 2021, nous avons lancé et animé un forum d’échanges intitulé ‘Jubilé ignatien Tamba’. Le but était de faire connaître l’itinéraire de la vie de saint Ignace et l’esprit qui animait sa conversion. Chaque message que nous publiions comportait 3 paragraphes : le premier sur la vie de saint Ignace et ses premiers compagnons ; le deuxième sur une histoire analogue, vécue chez nous ; le troisième sur les éclairages que le lecteur pourrait en tirer pour lui-même. Les réactions qui émergeaient donnaient l’occasion d’approfondir les points d’intérêt exprimés.

Une célébration pour renforcer la cohésion et s’ouvrir un avenir meilleur
Pour clôturer l’année, nous avons pris une semaine d’activités :
Une neuvaine de prière et d’adoration pour rendre grâce et solliciter la lumière et le soutien continus de nos Pères fondateurs.
Une célébration de l’innocence de la foi avec les enfants de la paroisse et leurs invités : la présence des enfants assure à la paroisse un avenir certain ; les réussites de l’année (sacrements, performances scolaires, amitiés nouées ou renouées, vacances à vivre) confirment la poursuite fructueuse de l’œuvre.

Des rencontres d’adultes avec des jeunes pour partager les bons souvenirs de l’histoire paroissiale : les épopées du père Carrier et du père Allaire pour assurer le service pastoral dans un contexte de grande indigence et de manque d’infrastructures adéquates ; les frasques du père Léonard pour inculquer aux élèves du grand lycée de la ville, les règles élémentaires d’hygiène et de salubrité ; les aventures rocambolesques du père Cavoret pour fonder la future paroisse saint François Xavier de Ngueene, à 53 km dans la brousse ; les histoires pleines de péripéties de tous ces aînés décidés d’apprendre la langue et les mœurs de la minorité nationale bassari (90% de la population paroissiale).

La projection du film ‘Mission’ pour montrer la détermination des Jésuites à transformer des régions en véritables havres de liberté et de paix. Une compétition pédagogique sur des questions de culture générale. C’était l’occasion rêvée pour les herbogénistes de la paroisse de dévoiler leurs connaissances sur l’Eglise, la paroisse et la Compagnie de Jésus. La conférence sur l’originalité pédagogique et la vitalité de l’éducation jésuite qui s’enracinent dans une pédagogie de la liberté fondée sur l’expérience d’Ignace de Loyola. Cette présentation a été illustrée par deux témoignages : celui de la Sœur Marie Pierre NDIAYE, supérieure régionale des Sœurs de saint Joseph d’Annecy, première congrégation féminine à s’installer à Tamba et à collaborer avec les Pères jésuites dans le diocèse ; et celui de l’abbé Théophile Tama BONANG, vicaire général et premier prêtre ordonné du diocèse. Il a longtemps collaboré avec les premiers Pères.

Lors des conférences
• La Sœur Marie Pierre avoue avoir appris, particulièrement avec le Père Léonard, à bien faire des choix dans la vie et à privilégier ceux qui la disposaient à servir les autres ;
• L’abbé Théophile nous a d’abord donné un bref aperçu de sa collaboration avec les Pères. Puis, il a souligné, avec insistance, la prudence dont ont toujours fait montre les pères jésuites qu’il a côtoyés aussi bien dans la collaboration, le langage, que dans l’activité pastorale.

Le père Boniface lors de la célébration de baptême le 31 juillet

Les témoignages se sont poursuivis au cours de la veillée de prière et d’adoration :
• La veuve Marie Danielle ZIDA, actuelle présidente déléguée du Conseil pastoral paroissial, nous a révélé avoir grandi sous le regard bienveillant et les soins des premiers Pères, surtout des pères Cavoret et Léonard. De cette relation pastorale, elle a gardé le souvenir de Pères amoureux de leur mission, simples, facile d’accès et ouverts.
• La Sœur Rebecca CAMARA se sent, encore aujourd’hui, redevable de ces ouvriers de la vigne qui ont su soutenir son éducation humaine et religieuse : « ils m’ont vraiment aidée à grandir. Les Pères Léonard et François d’Assise m’ont particulièrement aidée à découvrir le Seigneur qui est à l’œuvre, en moi et autour de moi, et à avoir une relation privilégiée avec Dieu. »
• De l’avis de nombreux premiers fidèles de la paroisse, les Pères ont toujours été accessibles, tant dans les rapports que dans le langage et les gestes : « ils aimaient venir dans nos pauvres cases pour échanger avec nous. Leur véhicule nous servait de moyen de déplacement, d’ambulance et même de corbillard, à l’occasion. »

Des manifestations sportives (football et fitness) et culturelles nous ont permis d’admirer l’état général de bonne santé de notre jeunesse, en raison de l’exercice et de la nutrition.
La messe de clôture a été l’apothéose de la célébration du jubilé. Elle comportait dans son programme, les sacrements de baptême de 13 scolaires et 9 adultes, 3 confirmations et 2 mariages. Elle s’est clôturée par le rite de la fermeture de la Porte Sainte. Avec tous les prêtres et religieuses présents dans la ville, ainsi que de nombreux invités, nous avons entourés le célébrant principal, l’abbé Théophile, pour chanter, à l’unisson, notre action de grâce.

Célébration des baptêmes et mariages lors du jubilé ignatien

Après une bonne séance de photos, tous, nous nous sommes dirigés vers le Centre socioculturel pour les festivités populaires : danses, victuailles, etc. Deux sketches ont été joués par les enfants des ‘Cœurs vaillants et Ames vaillantes’ : l’un sur la conversion de saint Ignace et l’autre sur saint Pierre Claver en mission à Carthagène.
Par deux fois, les abeilles, espèce protégée au Sénégal, ont fondu sur nous, attirées d’abord par les parfums des dames puis provoquées par les enfants. Elles étaient si agressives que ni nos enfumoirs de fortune ni la folle agitation des branchages n’ont réussi à les éloigner. La fête a été simplement délogée pour qu’elle puisse poursuivre son cours jusqu’aux environs de 21 heures. Tout est grâce !

Père Boniface TONYE
Tambacounda

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