Depuis le 7 mars 2021, le Pape François a annoncé le prochain synode de l’Eglise catholique qui a été officiellement lancée au Vatican le 9 octobre 2021 et s’achèvera en octobre 2023, avec la célébration du synode des évêques à Rome. La convocation de ce synode répond à un besoin urgent de réfléchir sur la mission et la vie de l’Eglise en ce troisième millénaire aux défis particuliers. Le mot « synode » vient de deux mots grecs : odos qui veut dire chemin/voie et sun qui signifie ensemble. Le synode peut donc être défini comme étant le fait de cheminer ensemble. Ce synode paraît très particulier dans la mesure où il appelle à réfléchir sur la « synodalité », c’est-à-dire, sur le chemin parcouru ensemble jusqu’à présent, et à partir de nos différentes expériences, élaborer des perspectives d’accomplissement de notre mission dans ce monde comme membres d’un seul corps, l’Eglise donc le Christ Jésus est la tête. Tout ceci en nous laissant éclairer par l’Esprit Saint, et inspirer par la Parole de Dieu.
Le thème qui nous est proposé à cet effet est : « Pour une Église synodale : Communion, participation et mission ». Ce thème révèle à juste titre le désir d’entrevoir autrement la synodalité de l’Eglise, ou alors de la rendre effective. En fait, l’Eglise expérimente déjà une forme de synodalité, à travers « les conseils œcuméniques, les synodes des évêques, les synodes diocésains et les conseils diocésains et paroissiaux ». Cependant, le dépassement d’une synodalité des institutions s’impose. La synodalité doit passer du statut d’évènement, de slogan ou de style, à « une manière d’être par laquelle l’Eglise vit sa mission dans le monde ». Dans ce sens, le thème proposé nous invite à voir une Eglise synodale comme étant celle qui « avance en communion pour poursuivre une mission commune grâce à la participation de chacun de ses membres ». Il s’agit pour l’ensemble du peuple de Dieu de s’écouter les uns les autres, de discerner les signes des temps, afin de voir comment engager un processus de croissance authentique vers la communion et la mission à laquelle Dieu nous appelle à vivre aujourd’hui. Et c’est en cela que nous trouvons une accointance entre ce synode et l’année ignatienne.
En effet, au moment où l’Eglise nous invite à l’aune du synode, à regarder autrement le monde et notre mission à partir d’un renouveau de nos rapports et de notre cheminer ensemble à la suite du Christ, la Compagnie de Jésus, à l’occasion des 500 ans de la conversion de Saint Ignace son fondateur, appelle à une transformation profonde à partir de l’expérience spirituel de ce dernier, contenue dans les Exercices spirituels.
Dans sa lettre de présentation de l’année ignatienne, le Général de la Compagnie, le Père Arturo Sosa, souligne que cette « année ignatienne sera une occasion privilégiée pour entendre le cri des pauvres et des exclus, de ceux dont la dignité a été méconnue dans les divers contextes sociaux et culturels où nous vivons et travaillons ». Il s’inscrit ainsi dans la même dynamique que le synode dont le but, d’après le Document vademecum, n’est pas de produire davantage de documents, mais « d’inciter les gens à rêver de l’Église que nous sommes appelés à être, à faire fleurir les espoirs des gens, à stimuler la confiance, à panser les blessures, à tisser des relations nouvelles et plus profondes, à apprendre les uns des autres, à construire des ponts, à éclairer les esprits, à réchauffer les cœurs et à redonner de la force à nos mains pour notre mission commune ». La Compagnie de Jésus, à travers l’année ignatienne, participe ainsi à cette mission commune de l’Eglise en proposant un cheminement spirituel qui débouche sur la transformation de notre vie-mission par Dieu. Il s’agit d’un chemin de conversion au bout duquel on apprend désormais à « voir toute chose nouvelle en Christ ».
La nouveauté ici implique le renouvellement des mentalités et des perspectives évangélisatrices qui pourra faire émerger des initiatives porteuses d’espérance pour notre monde. D’où l’étroit lien existant entre l’année ignatienne et les Préférences Apostoliques Universelles à travers lesquelles la Compagnie de Jésus entend participer aux efforts collectifs destinés à panser les plaies et à préparer un monde meilleur pour les générations futures.
Ceci dit, l’année ignatienne se situe au même diapason que la synodalité, en ceci qu’elle conjugue communion, participation et mission. Elle invite tout le peuple de Dieu, sans distinction aucune, à une conversion et à un discernement individuel et communautaire dont le but est l’efficacité dans la mission évangélisatrice qu’est la nôtre, celle de témoigner de l’amour du Christ au sein de la famille humaine. Elle apparaît donc comme un moyen par lequel l’Eglise peut mieux accomplir sa mission et parvenir à une meilleure expression de sa synodalité. C’est dans ce sens que le Père Pascual Cebollada SJ, – coordinateur du comité de l’année ignatienne – a pu dire que l’année ignatienne est « certainement une occasion favorable pour réfléchir à la sainteté dans l’Église et aux voies que Dieu a choisies, et continue de choisir aujourd’hui, pour conduire ceux qui se mettent à sa portée ».
Joël Kouam, SJ