père Toussaint Kafarhire, SJ

Du 9 au 10 octobre 2018, s’est tenue à HIPSIR (Hekima Institute of Peace Studies and International Relations), une institution jésuite basée au Kenya, une conférence internationale sur le radicalisme religieux et la violence en Afrique. Plusieurs intervenants parmi lesquels les pères jésuites Elias Opongo, Directeur d’HIPSIR, John Okoria Ibhakewanlan SJ, Principal d’Hekima University College, Paterne Mombe, Mme Kirsten Engebak, représentante de la  Norwegian Church Aid, M. Hassan Mohamed, Secrétaire de la Commission Nationale pour l’intégration et la cohésion au Kenya (NCIC),  M. Mahmoud Majilisein, Attaché Culturel de l’ambassade de la république d’Iran, le Sheikh Ibrahim Lethome, SUPKEM, M. Joseph Opondo, Vice-directeur du contre-terrorisme du Kenya (NCTC), M. Muhammad Kpakpo Addo – Secrétaire exécutif de la Conférence des religions pour la paix au Ghana (GCRP ), M. Gerald Acho (Cameroun) et bien d’autres.

Le père Toussaint Kafarhire, SJ, Professeur à HIPSIR a bien voulu revenir sur quelques points saillants de cette conférence internationale. On l’écoute au micro d’Honoré Onana Olah :

 

 

Nous avons voulu réfléchir sur l’extrémisme religieux et les violences en Afrique. C’est-à-dire nous cherchions à regarder les causes de forme radicalisation religieuse que nous rencontrons dans les pays d’Afrique et comment cela contribue à l’accélération ou à l’intensification des mouvements de violence à travers le continent. On le voit depuis le Burkina-Faso, jusqu’en république Centrafricaine, en Ouganda, à l’est de la RD Congo. Et on trouve quand même qu’il y a une part du religieux ou de la spiritualité : l’Islam qui est évoquée de plus en plus. Même au Kenya, on se rappelle encore les agressions du groupe Al Shabab, les attentats de Nairobi, l’université de Garissa, etc. C’est ainsi que nous avons eu des participants qui sont venus de partout dans le monde pour partager leurs expériences, exprimer leurs attentes et leurs déceptions par rapport aux forums de réponse et politiques qui sont déjà proposées et aussi pour regarder ensemble l’avenir en termes de solutions à apporter….

Brièvement c’est quoi l’extrémisme religieux ?

père Toussaint Kafarhire, SJ

père Toussaint Kafarhire, SJ

L’extrémisme religieux, c’est cette forme de radicalisation qui trouve son fondement dans les textes des Ecritures sacrées. Il ne suffit pas de limiter l’extrémisme religieux à l’Islam. On trouve des formes d’extrémisme religieux même dans le Christianisme…. Ma présentation a par exemple porté sur les formes de cléricalisme dans l’Eglise comme une forme de fondamentalisme, de conservatisme et peut-être même d’extrémisme dans la religion. J’ai pris mon point de départ à partir de la Lettre du Pape François publiée le 20 aout dernier où il demande pardon au peuple de Dieu. Dans cette lettre le Pape montre que le cléricalisme peut aider à comprendre et à justifier les grandes formes de violence et notamment d’abus sexuels qui ont causées tant de souffrances au peuple de Dieu et qui font beaucoup de mal à l’Eglise aujourd’hui.

Après une telle conférence quelles pistes de solutions pour des pays comme le Nigéria, le Cameroun etc. qui sont en proie avec des mouvements violents comme Boko Haram etc.

HIPSIR Conference

Quelques participants à la Conférence

Les différents intervenants et participants à cette rencontre internationale ont à la fin exprimé leur joie de savoir que nous prenons ces initiatives comme Eglise catholique, comme institution académique, comme Jésuite, pour créer des espaces de rencontre et de dialogue… On peut retenir de cette conférence le fait que les préjugés commencent à tomber…du moment qu’on commence à s’intéresser à l’autre et à reconnaitre ces valeurs, je pourrais garantir que nous créons des points communs.., nos différences ne deviennent plus des barrières. Au contraire elles deviennent des points saillants qui creusent davantage notre curiosité pour savoir ce que l’autre pense et comment nous pouvons utiliser les points communs que nous trouvons dans toutes les religions : l’amour de l’autre, l’amour du prochain, le pardon, la compassion, et d’autres valeurs qui sont là pour nous transformer.

Un mot en guise de conclusion !

Ce que j’ai appris par exemple des académiciens musulmans, c’est qu’il  y a beaucoup plus de peur même à l’intérieur de l’Islam entre musulmans. Ce qui nous échappe complètement et qui peut nous permettre à un moment donné d’identifier ceux qui sont plus en proie à la radicalisation ou aux violences inspirées par la religion… Donc il nous faut un courage prophétique comme Eglise, comme croyant, comme personnes qui suivent Jésus-Christ (je parle à partir de mon point de vue) et aussi comme institution académique à l’intérieur de l’Eglise : nous les Jésuites et d’autres personnes qui ont cette possibilité, d’utiliser les outils de la raison pour pouvoir éclairer les communautés…pour être capables de coexister en paix dans des sociétés plurielles.

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