Jesuites_ITCJ_mois-arrupe

Du 14 août au 14 septembre se déroule à Yamoussoukro, la capitale politique de la Côte d’Ivoire, un mois de préparation aux ordres sacrés du diaconat et du presbytérat pour six jeunes jésuites de l’Institut de Théologie de la Compagnie de Jésus (ITCJ). Ce mois de préparation est baptisé « Mois arrupé », du nom de son initiateur, Pedro ARRUPE, ancien Supérieur Majeur de la Compagnie de Jésus, l’Ordre des jésuites.

En fin des années soixante-dix, le Père Pedro ARRUPE fait un constat : plusieurs jeunes prêtres quittent le sacerdoce seulement quelques années après leur ordination presbytérale. Face à cette situation, il souhaite alors une spéciale et meilleure préparation pour les candidats jésuites au sacerdoce. C’est ainsi qu’il adresse une lettre officielle à tous les Supérieurs provinciaux à travers le monde. Par cette lettre, il recommande que soit instauré un mois de préparation aux ordres sacrés pour que les jésuites en théologie puissent avoir « une occasion privilégiée de prier, de réfléchir, de se faire diriger… ». Une telle occasion leur permettra de faire un pèlerinage en eux-mêmes pour revisiter la genèse et l’histoire de leur vocation. Le Père Peter HANS KOLVENBACH qui deviendra Supérieur Général de la Compagnie en 1983 se rappelle de ladite lettre. « A partir de 1980, un mois de préparation immédiate au sacerdoce a été instauré au cours de la théologie, écrit le Père Peter HANS KOLVENBACH. Le Père ARRUPE, poursuit-il, avait demandé à tous les Supérieurs majeurs de fournir aux scolastiques, durant la théologie, ‘une occasion privilégiée de prier, de réfléchir, de se faire diriger’, en vue de compléter leur préparation spirituelle,…cette préparation devant aider chacun à approfondir son engagement, lui permettre de confirmer son choix, de répondre à l’appel aux ordres en connaissance de cause et avec la plus grande liberté possible » (P. Peter Hans KOLVENBACH, SJ, La formation du Jésuite, Rome, presso la tipografia, 2003, p. 125).

Répondant favorablement à cette invitation, voire à cette intimation du Père Pedro ARRUPE, l’Institut de Théologie de la Compagnie de Jésus d’Abidjan organise chaque année le Mois arrupé pour les étudiants qui passent en classe de 3è année d’études théologiques et qui demanderont d’être appelés au diaconat au courant de l’année académique qui démarre à la mi-septembre. Pour l’année académique 2016-2017, ils sont six candidats originaires de six pays à vivre l’expérience du Mois arrupé. Il s’agit d’Ephraïm NLANDU (RDC), Wilfried BANABA (Burkina-Faso), Hervé BITOMO (Cameroun), Jean Paul DANSOU (Togo), Maximus IBENETO (Nigéria) et Pierre BOUBANE (Sénégal). Au programme des 30 jours : prière, réflexion sur le sens de la vie sacerdotale et retraite diaconale de 8 jours. Les compagnons font cette expérience avec l’aide d’un jésuite expérimenté, qui a enregistré une longue expérience de vie sacerdotale et religieuse jésuite. Il s’agit du Père burkinabè Martin BIRBA, S.J.

Plusieurs invités sont conviés pour parler de ce que l’Église et la société attendent d’un prêtre, notamment d’un prêtre jésuite.Parmi les intervenants extérieurs, monsieur l’Abbé Pierre Claver KOUAKOU, Vicaire Général de l’Archidiocèse d’Abidjan. Il a livré sa communication le jeudi 25 août sur le thème : « Prêtre et gestion des biens temporels ». L’Abbé Pierre Claver a expliqué aux jeunes jésuites que : « la mission première du prêtre n’est pas la gestion des œuvres et des biens temporels, mais l’annonce de la parole de Dieu. Le prêtre a pour mission principale de faire naître le royaume de Dieu dans le cœur des hommes ».

Seulement, reconnaît Pierre Claver, il faut bien qu’on s’occupe des hommes et des œuvres en plus de l’annonce de l’Évangile, car dans sa mission le prêtre rencontre des hommes et des femmes et également utilise des moyens matériels. Ainsi, le prêtre est-il contraint bon gré malgré lui de gérer aussi bien les personnes qu’il évangélise que les biens temporels. Pour la gestion des hommes, il faut une certaine sensibilité et une attention particulière aux membres des communautés paroissiales sans discrimination aucune. En ce qui concerne la gestion des biens matériels, il faut déjà savoir entretenir « l’existant », dira Pierre Claver. Le prêtre doit savoir prendre soin de ce qui existe dans le milieu où il exerce sa pastorale. Ce que beaucoup de jeunes prêtres ne réussissent pas toujours. Du reste, le Vicaire Général d’Abidjan invite les jeunes religieux jésuites, si jamais ils sont admis au sacerdoce, à œuvrer pour la préservation du bien commun. Car l’Église a aujourd’hui besoin de serviteurs qui entrent dans le sacerdoce non pas pour détruire ce qui fait la beauté de la vie sacerdotale mais pour la parfaire. P.S. : L’expérience du Mois arrupé se poursuit jusqu’au 14 septembre. Au Centre catholique diocésain où se déroule cette expérience y règne une bonne ambiance. Les journées sont rythmées entre prières, séances de travail et sorties communautaires pendant les week-ends.

 

Pierre Yèra Boubane, S.J

 

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